En 1937, après avoir expliqué à Jean Guéhenno qu'il se
sentait étranger à l'esprit de sa vieille revue Europe, Armand Robin la quitte
pour celle du personnaliste Emmanuel Mounier, Esprit (fondée en 1932). Il y
collaborera jusqu'à la guerre. En 1952, il y reviendra pour une unique critique de
télévision, Oeil contre oeil. Se libérant un peu du catholicisme qui a marqué ses débuts, "Esprit se retrouve alors dans la perspective dune « troisième force », ni capitaliste ni communiste" (historique de la revue, sur son site). Ne se retrouvant pas dans les positions socialisantes d'Europe (trop molles à son goût), Armand Robin se sent plus proche d'Esprit. On peut imaginer qu'il appréciue son ton militant ("nous avons à faire basculer le destin de notre génération", écrit Emmanuel Mounier dans le numéro de septembre 1937), notamment sur le fascisme et surtout le communisme de l'URSS. Les chroniques régulières de Victor Serge, nettement tranchées, ont dû conforter son constat de 1933 en Ukraine. La présence aussi régulière de "Cahiers de littérature prolétarienne" a dû également l'attirer. Ajoutons que dans les années 1936-37, la revue est clairement à la recherche d'un nouveau souffle et fait de gros efforts en vue d'augmenter son lectorat. Et pour ça, elle a fait appel à de nouveaux collaborateurs, notamment susceptibles d'analyser des thèmes proches de la vie quotidienne et concrète de ceux dont on parle peu dans les revues et les livres, ouvriers, prolétaires, femmes, grèves, occupations d'usines... Index des articles
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Ces textes ont été publiés par Françoise Morvan dans Ecrits Oubliés, aux Editions UBACS en 1986. Ils étaient indisponibles en librairie depuis longtemps. Ils ont été revus, parfois rectifiés et complétés.