robin_index.gif (9504 octets)

chrono.gif (1744 octets) poesie.gif (2192 octets) roman.gif (1868 octets) traduction.gif (2450 octets) critique.gif (1979 octets) ecoutes.gif (2186 octets)
icono.gif (2534 octets) proses.gif (2040 octets) lettres.gif (2171 octets) theatre.gif (2064 octets) radio.gif (1706 octets) voix.gif (1867 octets)
esprit_2_120.jpg (7949 octets)
biblio.gif (1004 octets)
temoins.gif (1901 octets)
contact.gif (1838 octets)

Armand Robin :
critique à la revue Esprit : 1937-1940

- Armand Robin Air de ronde pour lutins 01 / 1940 -

 

AIRS DE RONDE POUR LUTINS (1)

 

Pour prendre un souvenir sur terre, - ce fut dans le très vieux temps, ­

Je pris gîte sur cette route et j'y guettais tous les passants.

 

Le premier siècle je fus bruyère, ajonc, genêt, églantier blanc,

Ce fut au siècle où je fus saule que je vis celle que j'aime tant.

 

Dans ses regards bougeait clarté pour cent fontaines de printemps

Et dans ses mains grâce plus frêle qu'en feuilles de trèfles d'étang.

 

C'était par bon soleil de Pâques ; j'étais moi-même tintillonnant ;

Tintillonnez, siècles passés! depuis j'ai mal plus qu'un dément.

 

«   De Plounévez à Haut-Corlay j'ai pendant quatre lieues pleuré !

« Mon Dieu, ayez pitié, aidez le fiancé qui m'a trompée ! »

 

- « Regarde, amie, Pâques fleurit et je suis là pour vous fêter!

- « Dieu, comme il fait beau jour de fête, beau jour de fête pour pleurer ! »

 

- « C'est vous que j'aime, lui murmurais-je avec ma voix de prés, de haies !

« Partout où l'herbe peut parler je serai là pour vous aider ! »

 

 

 

(1)     Extrait d’un recueil de poèmes à paraître chez Gallimard sous le titre « Ma vie sans moi ».

 

Seule la 1ère page a pu être vérifiée sur l’édition originale d’Esprit. C'est donc la version de Ma Vie sans moi qui constitue la 2e page.

- «Toute ma vie j'en souffrirai! Toute ma vie je sourirai

« Et prierai pour que soit gai le fiancé qui m'a blessée. »

 

 

Elle partit en souriant ! Tintillonnez, siècles passés !

Je la revis toujours priant ! Tourne, tourne, tournez, années !

 

J'ai su l'aimer douze cents ans. Bien plus longtemps je souffrirai

Ce fut au siècle où je fus vent que j'eus bien peur de l'oublier.

 

Contre mon pauvre souvenir

Je voudrais quatre rubans roses

Pour conduire l'aurore aux fées

Et dès minuit quarante roses

Pour loger toute la rosée.

 

Et je voudrais cent mille images,

Des mots pour aubes sans espoir

Et ces légendes pour dieux sages

Que les grands vents mêlent le soir

Aux lais des landes sans village.

 

                                *

A la suite de qui j'aime je devins fou, il y a longtemps

Au bord d'une fontaine vous me trouverez chantant.

 

M'apportez-vous messages d'Elle, aubépines de ce printemps ?

En quel pays parmi les mortes souffre celle que j'aime tant ?

 

Dans ce dernier de tous mes siècles je peine avec les paysans :

Doux bûcheron du clair de lune, j'entasse des copeaux d'argent,

 

Sans espoir j'en fais des clairières. Je ne dois plus dorénavant

Saisir un souvenir sur terre. Pour m'égayer j'ai fait ce chant.

Armand Robin Esprit, janvier 1940

flechaut.gif (1041 octets)