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Armand Robin :
critique à la revue Esprit : 1937-1940

- Alain Avec Balzac N.R.F 10/1937 -

 

 ALAIN : Avec Balzac (N.R.F.)

Un commentaire est un système de rapports avec un auteur et, dans le cas d'Alain, avec un auditoire; il manque souvent au lecteur d'avoir été l'élève, l'élu.

L'œeuvre de Balzac peut assurer un compagnonnage substantiel pour toute la vie d'un esprit; mais Alain n'apprécie et ne perpétue qu'« un seul pas de ses plus longues promenades » ; c'est là sa plus grande force, celle qu'il a le plus subtilement créée: sa marche définitive est un choix défiant de ses meilleurs arrêts; nous n'avons pas l'opinion de Balzac sur son compagnon de route.

C'est parfois Stendhal qu'Alain éclaire en s'aidant des ombres balzaciennes, c'est toujours soi-même qu'il éclaircit ; la meilleure lecture n'est-elle pas celle que l'on fait au dépens de sa plus forte amitié au bénéfice de sa plus délicate? Par ailleurs nous ne sommes pas chez Balzac, mais avec Balzac; confrontation encore plus que commentaire : c'est Balzac qui véritablement interroge et lit son lecteur, prolonge les pensées d'Alain par l'amplification charnelle d'un roman, nourrit de références vivantes les créations un peu maigrichonnes de l'intellect, recouvre de généreuse invention le mécanisme et l'atomisme d'un esprit assez grand pour se prendre au dégoût de ses aptitudes simplement logiques.

 C'est à son déguisement que se mesure l'authenticité d'un aveu: « Balzac a ce privilège de rester toujours au niveau de n'importe quel lecteur ; c'est là qu'il creuse sa propre grandeur » (p. 102). Cette envie, que trahit le mot « privilège », est belle de la part d'un homme dont toute la vie fut effort pour passer de la réflexion à la trouvaille et pour transposer en profondeurs précieuses des préciosités profondes. Le culte d'Alain pour Balzac est bien le symbole d'une époque malade de la nostalgie du simple. Culte difficile : ne nous étonnons pas qu'Alain suscite et irrite en Balzac tant d'énigmes et qu'il soupçonne d'intentions mallarméennes les pages les plus innocemment intelligibles. Pour Alain le naturel ne peut être que mystérieux.

Armand Robin Esprit, octobre 1937

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