René BICHET : Les
poèmes du petit « B » (Emile-Paul)
Peut-être venons-nous de déguster avec un peu trop de complaisance
une poésie ténue, il semble toutefois douteux qu'il y ait là prétexte suffisant pour
tenter de proposer au goût public une poésie manifestement très atténuée ; il ne me
paraît pas qu'il y ait grande audace à confesser que ces poèmes de René Bichet se
faufilent presque tous entre le médiocre et le passable et que, même en ayant la bonté
de les considérer comme des poèmes, on ne saurait guère leur accorder que les quelques
très rares vertus d'une prose disgraciée.
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Sans doute aussi conviendrait-il
de ne pas prendre pour gravité villageoise ce qui n'est le plus souvent que la
ponctualité d'un candidat, d'ailleurs exemplaire, à Normale ; il se pourrait même que
quelques lecteurs, plus difficiles que nous, trouvent à plus d'un égard fâcheuse cette
tendance à réduire la campagne aux dimensions du lycée Lakanal ; les génies paysans
ont volontiers plus de sève et marquent communément quelque répugnance à classer en
fiches poétiques, si méthodiques soient-elles, les diverses circonstances de la vie des
champs ; j'ai même cru remarquer que dans les fermes on chante plus qu'on ne commente ;
il est à craindre que ces poèmes n'aient été composés aux heures de récréation par
un élève diligent, désorienté de n'avoir plus soudain de cours à suivre et
nostalgiquement incliné à prolonger par illusion le stérile et peu rustique travail de
la dissertation, et je m'assure qu'en particulier la balourdise des paysans est quelque
peu plus savoureuse que celle dont René Bichet s'applique à nous infliger la preuve. |