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Armand Robin :
critique à la revue Esprit : 1937-1940

- Madeleine Bourdhouxe : La femme de Gilles 11 / 1937-

 

Madeleine BOURDHOUXE : La femme de Gilles (N.R.F.)

Ce petit livre sans prétention, sans apprêt, peut compter sur toutes les sympathies (1). On ne peut le définir que comme le récit infiniment naturel que bien des femmes réalisent avec leur vie ; il s'est composé à partir de regards, de gestes surpris et oubliés d'abord, puis retrouvés et reconnus essentiels à la longue ; d'où chez le lecteur un accord permanent avec l'auteur, qu'il s'agisse du sens de l'œuvre, des détails à choisir ou des soudaines réserves ; à peine se souvient-il qu'on lit une œuvre écrite, tant il y a de foi dans chaque phrase ; le quotidien lui-même y apparaît poétique tant on s'occupe de lui avec compassion et dévouement.

(1) On a pu en lire un chapitre dans Esprit du mois de juin.

 

La femme de Gilles est une blessée que Madeleine Bourdhouxe soigne de son mieux, mais qu'elle ne sauve pas; elle est même non pas tout à fait blâmée, mais désapprouvée, avec une infinie pitié et beaucoup de regret ; elle n'est évidemment pas digne de la vie, n'étant plus un être, mais seulement la « femme de Gilles ». Thèse authentiquement personnaliste, mais qui ne peut rien gêner, car elle vient de notre vie à tous, non de l'esprit, et s'impose bien davantage par des épreuves que par des preuves.

Armand Robin Esprit, novembre 1937 // Le chapitre visé par la note d'Armand Robin est paru en fait dans le N°  54 de mars.

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