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Armand Robin
1912 - 1961 : éphéméride

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- 1939 -

janvier *** AR Fréquente Alexeï Remizov : lettre à J Paulhan
*** Compose vraisemblablement la 2e version de L'invité des prés (Jusqu'au sommeil, titre provisoire), ainsi que le "brouillon de la première partie" de En écoutant Toscanini, qui quoique envoyé à Paulhan restera inédit. C'est le 1er poème tapé à la machine, forme qu'affectionnera désormais AR.

 2 : retour à Paris

 [4] : Lettre à Jean Paulhan : neige sur Paris; a reçu les épreuves de L'arbre inconnu de Tuwim, va corriger les nombreuses fautes du texte polonais et va venir à la nrf le vendredi suivant [6] pour en apporter le texte polonais. Annonce avoir découvert un poète suédois et en prépare des traductions, sans doute Fröding, sans doute aussi grâce à l'intermédiaire d'un journaliste suédois à qui il apprend le français.

 Début janvier : lettre au couple Paulhan : commentaire sur Quarante bouches d'Essénine : Cette fois AR est satisfait de sa traduction de Quarante Bouches, ce qui est rare : Essenine ne parle pas toujours de lui. Dans Quarante bouches, le poète n’est plus qu’une chose qui attend son tour pour surgir, bruire, et sans doute, comme toutes les autres choses, mourir dès son premier silence si proche. Cette fois le drame d’Essenine rejoint, ou plutôt pressent, le destin de son peuple. Le mauvais goût d’une ou de deux images s’accorde lui-même merveilleusement avec la plainte chaotique de cette terre, d’où tout ce qui était " peuple " allait disparaître. Je ne connais dans la poésie russe rien de plus impressionnant.
Je me défie de la justesse de la comparaison qui me vient : je pense invinciblement à l’hymne d’Œdipe à Colonne, sur la beauté, la fécondité, la chance de la terre attique. Les Athéniens connaissaient, tous, ces vers. Les Russes aussi connaissent, tous,
quarante bouches (sans en comprendre et sans pouvoir en expliquer tous les mots, hélas). J’ai bien peur que ce ne soit le texte où la Russie a le mieux témoigné de sa fatalité, comme le texte de Sophocle est resté pour nous celui qui prouve poétiquement, donc irréfutablement, les privilèges de l’Attique.
Je l’ai traduit moins littéralement que Lettre à sa mère, mais aussi littéralement que :
                       La pluie avec ses balais humides nettoie…
Le système des rimes et des assonances est exactement le même, ainsi que les variations d’amplitude du rythme.

La satisfaction d'AR durera peu.... S'occupe de Tuwim, et espère construire une grande et belle oeuvre.

 12 : envoie Déesse d'écume et Titres de propriété à J Paulhan, et annonce Suicide du poète. Le 1er paraîtra dans Ma Vie sans Moi.

 15 : lettre aux Paulhan : suicide annulé !

 15 : Mesures, Etonnements du traducteur, texte qui sera repris en tête de la partie traductions dans Ma Vie sans Moi après quelques modifications. C'est suivi de L'arbre inconnu, et Les Joncs, deux poèmes de Juljan Tuwim,  poète polonais, qu'AR présente ainsi : Juljan Tuwim, né à Lodz en 1804, est le plus connu des poètes polonais vivants ; son oeuvre est d'une variété surprenante : elle hésite entre le ton du madrigal, de la saoulerie et de la métaphysique ; une secrète fragilité semble garder Tuwim d'aller jusqu'au point où sa poésie deviendrait tragique et parviendrait à l'unité. Nous avons pensé traduire quelques poèmes où l'émotion prévient tous ces calculs du coeur. Les deux  textes sont en présentation bilingue ; ils figureront dans Ma Vie sans Moi, après retouches pour le premier.

 fin du mois ou début février : lettre non datée à Jean Guéhenno. AR remercie pour une lettre de son maître, sans doute en réponse à son invitation de décembre 1938. AR se plaint de n'avoir plus sa confiance ; il y confirme une prochaine publication dans la nrf et souhaite une aide en vue de la publication d'un volume de poèmes chez Gallimard.

février  1 : nrf :  Mort d'un arbre : c'est aussi la date du date du tapuscrit. Le poème sera repris dans Ma Vie sans Moi.
 1 : Esprit : critique : Georges Limbour : Les vanilliers

 9 : lettre aux Paulhan : a traduit Le Potiron de Tchékov et en envoie le texte... : la traduction reproduit exactement le rythme du texte russe. Il figurera dans Ma Vie Sans moi.   Demande si  Paulhan a  ces disques de Radio 37 que Calet a rapportés pour [lui] à la nrf...

 17 : Edith Boissonas arrive pour la première fois à la NRF. Armand Robin est là aussi ; ils parleront de poésie et prose mêlées : Paulhan me présente à (Jean Walh barré sur le manuscrit)  Armand Robin, jeune homme à lunettes, visage sincère modeste et honnête. Je le prends pour Lubin et lui dis avec vivacité : "j'ai beaucoup aimé vos poèmes", puis ne peux trouver le titre et m'enferre sous l'oeil critique de Paulhan. [...] J'ai blessé Robin en disant : "La traduction vous dévore." Il est traducteur. (Journal pour moi seule)

 Le lendemain elle écrit à Paulhan :  Je suis confuse, car en voyant monsieur Robin j'avais pensé aux poèmes de monsieur Armand (sic) Lubin que j'aime beaucoup alors que je n'avais lu de Mr Robin que ses très belles traductions.

 17 : Lettre d'Elsa Triolet à Jean Paulhan. Elle contient les prémisses de la future guerre entre elle et Armand Robin au sujet des traductions des poèmes de Maiakovski : je suis très certaine du talent de Mr Robin [ ...] Je continue à soutenir mon point de vue sur l'impossibilité de faire une traduction de M[aïakovski] qui soit définitivement et pour tout le monde convaincante. [...] Je tiens donc à mes traductions à moi, qui sont sans autres prétentions. Si vous songiez encore à faire une plaquette cela serait évidemment parfait d'avoir des traductions en dehors de mon texte. Si elles sont bonnes. Et qu'est-ce que je vais faire si Mr Robin fait une traduction et que je la déteste? Voilà bien des inquiétudes. A noter qu'Elsa Triolet se présente souvent comme la belle-soeur de Maïakovski. En réalité, sa soeur Lili a été la compagne de Maïakovski.

 23 : lettre à Elsa Triolet concernant Maïakovski : Depuis deux jours, j'ai ces textes et leur rythme picote dans ma gorge ; bientôt Maiakovski sera français.

 24 : Armand Robin à la NRF : commentaire d'Edith Boissonas : Armand Robin ? Alité? sur la mousse et la ruine des fleurs. (Journal pour moi seule)

 Courant février et mars (avant la publication du Maïakovski dans la nrf)   : plusieurs lettres à Jean Paulhan, non datées comme la plupart des lettres de cette période, où AR se contente de noter le jour, et encore ! Tout au plus peut-on retrouver leur ordre chronologique.

mars  1ers jours de mars :
Dimanche [ 5 ?] : Rendez-vous le lendemain avec Elsa Triolet, , au sujet de sa traduction de Sur une flûte de Vertèbres destinée à la nrf. Elle m'a l'air contente. Pour ma part, je suis merveilleusement heureux d'avoir à donner asile au rythme de M. Le 3/4 du travail est fait ; mais j'ai encore la fin de ce dimanche et toute la nuit pour m'en occuper. [ ... ] Mercredi au plus tard tout sera prêt.  Joint une autre traduction de Maïakovski et annonce un nouveau poème, peut-être Le Portefaix des eaux.
Lundi [6 ?] Rendez-vous de travail avec Elsa Triolet.  La séance se passe mal.
7 : Protestations d'Elsa Triolet dans une lettre à Jean Paulhan contre la traduction de Robin de Maïakovski à paraître dans la NRF d'avril : Maïakovski est intraduisible.
8 : lettre à Elsa Triolet : Les textes seront prêts vendredi soir. [ soit le 10 mars]

Mercredi [8 ?] : lettre de Jean Paulhan à  Elsa Triolet : A demain donc. Je viens d'envoyer un pneu à Robin. je vous en prie, venez sans méchanceté : il faut que nous entendions tous les trois : que vous vous contentiez de corriger les fautes incontestables; que Robin de son côté accepte les corrections, quitte s'il le veut à retirer sa signature. Et moi, je serais navré de renoncer à ce Maïakovski, qui m'est précieux. Mais c'est sur le texte actuel qu'il nous faut travailler...

Mercredi [8 ?]  : a reçu le pneu de Jean Paulhan au sujet des remarques d'Elsa Triolet. la réunion de lundi s'est mal passée... Cela me fait du mal de vous décevoir ; mais il est absolument impossible que nous arrivions à un accord avec Elsa Triolet, qui n’admettra jamais qu’on crée l’illusion que Ma[ïakovski] est un vrai grand poète. J’ai fait don à Ma des 8/10e de ce qu’il paraîtra être au lecteur français. Me demander de revenir sur ce don, c’est quelque chose d’impossible.
Par ailleurs les poèmes que j’ai tirés de Ma sont indiscutablement supérieurs au texte russe. Il est même vraisemblable que dans l’avenir, lorsqu’on aura remis M. à son rang en Russie, c’est à ces « traductions » françaises qu’il devra le plus clair de sa renommée. Que l’on s’en plaigne au nom de M. me semble un douloureux scandale !
Et AR déclare se désintéresser totalement de la publication prévue... il est épuisé de travail et songe à nouveau au suicide.

Dans une lettre non datée, mais qui a été écrite entre le 8 et le 12, A Robin écrit à Elsa Triolet : Je défie qui que ce soit au monde de prouver que le poème de .. vaut le poème qu'il m'a inspiré.

Nuit du jeudi 4h [ du 9 au 10 ? ] : maintient son point de vue : Je décide donc purement et simplement de ne pas publier mes Maïakovski.

 10 :
lettre de Jean Paulhan à Elsa Triolet : Très satisfait de la qualité de l'hommage à Maïakovski à paraître dans la NRF d'avril. Il ajoute : Voici un mot que j'ai reçu d'Armand Robin. Ne lui en veuillez pas, s'il pense peut-être qu'il n'est pas inégal à M[aïakovski]. C'est encore là une part de l'hommage.
 11 :
Lettre de Jean Guéhenno à Jean Paulhan : suite à sa demande de fin janvier-début mars, intervention en sa faveur pour une publication de Robin en volume: J'ai vu, l'autre jour, Robin. Il est très préoccupé de la publication de ses poèmes. Compte beaucoup sur vous. Je souhaite que cette publication lui donne enfin la joie dont il parle tant et qu'il connaît si peu.
 12 :
AR expédie ses textes de Maïakovski.
 14
: Lettre à Jean Ballard : AR veut remanier Quarante Bouches, traduction d'Essénine,  avant publication. Il en était pourtant satisfait en janvier. Le poème deviendra Quarante Cris en 1942 dans la nrf, avant de trouver sa version définitive dans Quatre Poètes Russes en 1949 sous le titre De Profundis quarante fois.
 15 : Lettre à Elsa triolet : Tous les textes de Maïakovski sont partis dimanche [ soit le 12]
 26 : Lettre de Jean Paulhan à Elsa Triolet : Robin semble s'apaiser. Bien.
avril Volontés : Tchékov : Le Potiron. La traduction figurera dans Ma Vie Sans Moi

Arts et Idées  N° 19 : Transfiguration, poème daté de 1937 et qui ne sera pas intégré à Ma Vie Sans moi. Mais plusieurs vers se retrouvent dans L'invité des prés. La revue, née en 1936, était dirigée par Lucien Combelle. Le numéro 15 contenait un appel à talents : Nous vous offrons une revue indépendante, éclectique sans [...] politique que vous soyez à "droite" ou à "gauche" cela n'a pas d'importance. Le N° 19 sera son dernier.

 1 : NRF : Maïakovski : Sur une flûte de vertèbres, traduction qui paraîtra dans Ma Vie Sans Moi. Elle suit un article d'Elsa Triolet sur Maïakovski. Le nom du traducteur ne figure pas en couverture. La traduction est précédée de la note suivante de son auteur en réponse à la polémique ci-dessus : J'ai livré toute mon âme à Maïakovski pour qu'il m'en dépouille. - A ce prix j'ai créé l'illusion que voici - Ne me remerciez pas : j'ai connu dix jours de joie à sentir qu'un autre poète me dénudait...

Elsa Triolet y insiste à 2 reprises sur le fait que les poèmes de Maïakovski sont intraduisibles : ... aucune traduction ne peut rendre leur pathétique bouleversant. Les vers de M. me semblent d'ailleurs tous parfaitement intraduisibles. Et vers la fin, juste après avoir annoncé la traduction d'AR : ... la traduction des vers de M. est spécialement difficile et même, il me semble, impossible. Puis elle enfonce le clou à propos des rimes voulant sans doute mettre en creux ce qu'il manque à la traduction d'AR : Il faudrait refaire dans une autre langue tout le chemin que M a parcouru lui-même. Il y faudrait des années et du génie. Mais elle ne peut s'empêcher de citer M à plusieurs reprises.

Comme elle a elle-même traduit un passage traduit aussi par AR, il peut être intéressant de comparer les deux traducteurs, d'autant qu'Elsa Triolet n'ignorait rien du texte d'AR :

Elsa Triolet
Armand Robin (version Ma vie sans Moi 1940, celle de la NRF étant erronée en 2 endroits)
Mourrai-je couronné ?
A Sainte-Hélène ?
Des tempêtes de la vie scellant les vagues,
je suis aussi bien candidat
et au trône de l'univers
et aux menottes.



Il m'est échu d'être tzar ;
c'est à l'image de ton petit visage
sur l'or solaire de ma monnaie,
que j'ordonne à mon peuple :
frappe !



Et là-bas,
Où le monde se fane dans la toundra
où le vent du nord marchande avec le fleuve
Je gratterai sur la chaîne le nom de Lili
et j'embrasserai la chaîne dans les ténèbres du bagne.

La Nouvelle Revue Française, 1/4/1939, N° 635, P 628-629
Portant couronne souveraine,
Dois-je mourir en roi suprême
Ou connaîtrai-je Sainte-Hélène ?
A la bourrasque de ma vie comme selle j'ai mis des vagues
Et me voilà,
à votre choix,
Candidat :
Faites-moi
soit roi
Soit
Forçat

Si je deviens roi d'apanage
A mon peuple j'ordonnerai :
Voici soleil, or et monnaie !
Tous à la peine ! Frappez-les
A l'image de son visage.

Et si je dois pleurer là-bas
Où l'espace pâlit et se fane en toundra,
Où tout fleuve marchande avec les vents venus des glaces,
Je graverai le nom de Lili sur ma chaîne,
Dans la nuit des forçats je bénirai ma chaîne.

Lili Brik était la soeur d'Elsa Kazan, devenue Triolet par son mariage.


 Cahiers du Sud : La nuit parle suivi de Bergerie : dernière participation à la revue. Les deux poèmes paraîtront dans Ma Vie sans Moi

*** début du mois : lettre-provocation à Jean Ballard : refus de publier les poèmes envoyés cet hiver; annonce son suicide et veut tout envoyer promener. Il parle aussi de son Maïakovski : J’espère que vous avez bien « marché », dans le « poisson d’avril » de la NRF : ce Maïakovsky, dont pas un vers n’est de Maïakovsky ! Ayant reçu les vers de Lucien Becker, collaborateur des Cahiers du Sud, il les juge infiniment mauvais : c'est un scandale qu'on imprime des choses aussi anti-poétiques... ce qui n'empêchera pas Ballard de continuer à les publier.

 15 : La réponse de Jean Ballard s'est perdue... AR lui répond sa stupéfaction : Ballard ne le comprend pas ! : je suis au-delà de ma vie. Puis il râle parce que Ballard n' pas voulu lui  envoyer d'exemplaire gratuit de la revue...

 17 : lettre de Jean Paulhan à Elsa Triolet : a reçu beaucoup d'éloges pour son Maïakovski dans la NRF du mois, et ajoute post scriptum : Je n'ai pu encore voir AR à qui j'ai écrit. Il est étrange. Il vit depuis Maïakovski, dans un état second. Je crois qu'il faut que vous lui pardonniez. (mais il vous le demandera lui-même).

 fin du mois : lettre non datée à Jean Paulhan : a "reçu des lettres merveilleuses à propos de Maïakovsky". Paulhan dit la même chose à Elsa Triolet. Assiste aux concerts Toscanini, notamment Beethoven.

*** Compose vraisemblablement la 2e version de L'invité des prés (Jusqu'au sommeil, titre provisoire), ainsi que le "brouillon de la première partie" de En écoutant Toscanini, qui quoique envoyé à Paulhan restera inédit. C'est le 1er poème tapé à la machine, forme qu'affectionnera désormais AR.... à moins que ce soit sa dissertation d'agrégation, dont il envoie un exemplaire à JP. 

mai  *** Avril-mai : traduit Le Corbeau d'E A Poe, à paraître dans Ma Vie Sans Moi, partie traductions. Annonce son intention de traduire Rilke. A visité la bibliothèque H. Meyer, et en est revenu enthousiasmé avec du thibétain et du breton, entre autres.
***
Transmet à Jean Paulhan son article sur Jean Guéhenno à paraître dans la revue Esprit en juin.
Début :
Lettre à Jean Paulhan : AR vient aux nouvelles car Supervielle lui a appris que Gallimard ne souhaite pas publier un recueil de ses poèmes. En fait Gallimard souhaite arrêter la collection Métamorphoses car il la juge non rentable. Cela n'empêche pas AR de continuer à écrire et corriger ses poèmes : exemple ici : il a corrigé 3 passages jugés faibles dans Pays.
20 : Volontés
: Pays, qui figurera dans Ma Vie Sans moi

*** Lettre à Jean Ballard : a bien reçu son exemplaire des Cahiers, mais un peu tard ! a décidé de ne plus publier, et souhaite aller en Bretagne en juillet; et pour cela, sollicite un titre de transport au nom de la revue : je sais que vous avez un contrat avec la SNCF ; vous vous en servez en général pour faire avoir des titres de parcours à des communistes fils de bourgeois, qui n’en ont pas besoin. Faites une exception pour une fois : faites-moi avoir un titre de parcours Paris-St Brieuc . Et cela se termine par : Salutations prolétariennes.... 1ère occurrence !
La réponse de Jean Ballard s'est perdue, mais en fin de mois AR s'excuse : c'est moi qui ai tort, infiniment tort : Dans la lutte engagée entre mon drame et moi, il faut que je gagne. Il faut que désormais tout dans ma vie aille infiniment bien. Je le veux d’ailleurs depuis longtemps, mais la fatigue parfois me soumet et je fais alors n’importe quoi. Peut-être est-ce une faute de vivre sans avoir mis la perfection à l’ordre du jour ! Silence et au travail ! Souvenir cordial et joie. Ce sera la dernière lettre avant la guerre...

juin *** période de crise, que Jean Guéhenno attribue à des difficultés d'édition. Le surmenage y est sans doute aussi pour quelque chose.
 1er : Esprit : Jean Guéhenno, A propos du journal d'une révolution; Saint-Exupéry, Terre des Hommes; Wittlin, Le Sel de la terre; les revues : notes de lecture. dans ce même numéro, AR signe une présentation de la revue Mesures de janvier : Chaque N° de Mesures, composé avec beaucoup de tact et de subtilité, semble devoir nous assurer, outre un ordinaire de textes presque tous importants, la surprise de deux ou trois oeuvres de tout premier ordre. AR signale notamment sa traduction de Tuwim et en cite 8 vers.
 
Juin-juillet : revoit sa traduction de l'Ode sur une urne grecque de Keats, qui datait de septembre 1937. AR l'envoie à Jean Paulhan, peut-être avec le projet de l'intégrer à Ma Vie Sans Moi. Mais cela ne se fera pas, et le texte restera inédit.
Fin juin ou début juillet : Lettre à Jean Paulhan : a fini Le Corbeau "à une quinzaine de mots près". A écrit aussi 4 ou 5 poèmes sans doute à destination de ma Vie Sans moi. Souhaite qu'on lui en rende le manuscrit pour le revoir. Avoue son admiration pour le livre de Jean Paulhan sur les Hain-tenys. Il en fera une note de lecture pour la revue esprit en novembre.
Fin juin ou début juillet : lettre à Jean Paulhan : confirme son admiration pour le livre de Jean Paulhan; a lu Echanges de Supervielle; et s'est ruiné à acheter une caméra. Il s'en servira à filmer notamment des scènes de la vie agricole des environs de Rostrenen pendant l'été. Selon plusieurs témoignages, il a organisé plus tard des séances de visionnement.
Fin juin ou début juillet : Lettre à JP : demande qu'on lui renvoie tous ses poèmes; "Le Corbeau est la dernière chose que je publierai".
Fin juin ou début juillet : Lettre à JP: souhaite la destruction de son oeuvre dans plusieurs lettres : Si je disparais, que j'aie au moins le triste plaisir de dis-paraître tout entier, emporté dans un abîme sans nom. On ne trouvera absolument rien après moi, je puis le garantir. Il y a un dernier degré de douleur qu'il ne faut pas qu'un homme ait un jour connu.
Fin juin ou début juillet : lettre à JP, avec envoi de deux textes, russe et breton. Estime en avoir quasiment fini avec la révision de ses poèmes. Donne des cours à une jeune vénézuelienne, Melle Soca ; a vu Alexis Rémizov.
Fin juin ou début juillet : après la crise suicidaire, qui a duré 3 jours : envoi des deux 1ères strophes du Portefaix des eaux à Jean Paulhan, et annonce qu'il va rendre le manuscrit de Ma Vie Sans Moi.
Fin juin ou début juillet : S'excuse pour ces quelques jours de fatigue, où les incertitudes quant à la publication de son oeuvre ont pesé très lourd. Il déclare être passé au-delà: si mes poèmes sont bons, ils seront édités quelque jour, soit dans 3 mois, soit dans 3 ans, soit dans 5. Ce sont des accidents qui arrivent à toute oeuvre. Il a relu son article sur les Hain-Tenys, mais ne l'a pas trouvé bon. Fait des films. Mais on ignore sur quels sujets.
fin juin- début Juillet : Lettre à Jean Paulhan : va venir à la NRF avec le manuscrit; souhaite faire lire à Paulhan le début de son article sur les Hain Tenys.
 juillet  Charpentes N° 2, de juillet - août : Dieu et son maître. Extrait d'un ensemble de poèmes : "contre Dieu", affirme le sous-titre, mais il n'en a pas été retrouvé d'autres de la même veine.  Charpentes est une revue éphémère, théoriquement mensuelle dirigée par Gaston Dielh et Roger Hallot. 3 numéros seulement verront le jour,  deux en juin et juillet-août1939 et un autre en1940 : Charpentes se propose de servir de lien entre les provinces et les colonies françaises, les pays de langue française et les centres étrangers qui accueillent notre culture. Plusieurs écrivains d'origine africaine y participent, notamment Leopold Sedar Senghor. Texte à lire ici.
Début juillet : Lettre à Jean Paulhan : Jean Guéhenno a fait inscrire AR à radio-Paris pour une émission poétique avec Eluard et Audiberti. Est en train de travailler Rilke et traduit l'ode à une urne grecque de Keats, dont il joint la 1ère strophe. Soins dentaires.
Courant juillet : a rédigé A mes dépens, les deux pages qu'il souhaite mettre en tête de Ma Vies Sans Moi, et prépare une traduction de Rilke.
  3 : Lettre à Jules Supervielle : le projet de se voir à Paimpol dans la famille du parrain d'AR tombe à l'eau.

 13 : lettre à J Paulhan : vient de traduire La Nuit de Rilke, qui paraîtra dans la nrf de septembre ; part le lendemain pour la Bretagne pour un mois. Juge Melle Soca "une très gentille et très intéressante personne". Joint les deux premières strophes du portefaix des eaux en version définitive à paraître dans Ma Vie Sans Moi.

 14 : départ pour séjour d'un mois en Bretagne chez son père à Plounevez-Quintin au lieu de Paimpol. Melle Soca l'y accompagne.

 26 : Lettre à Jean Guéhenno : veut expliquer la crise de juin : il y a quelque chose d'affreux qui pèse sur ma vie. Lui envoie une photo qu'il a faite de Supervielle.

 fin juillet : lettre à Jules Supervielle de Plounevez-Quintin : se repose après une phase très éprouvante ; relit Virgile avec Melle Soca. Son père travaille malgré ses 72 ans ; envoie des photos.

août  Courant août : AR continue le récit paru dans Esprit, et qui deviendra Le temps qu'il fait.
 9
: envoie Mort d'un arbre à François de Crépy
 14
: carte postale à J Paulhan : revient à Paris jeudi 17 : a fini son manuscrit, et le lui envoie pour lui faire plaisir.

 16 : fin du séjour en Bretagne

 17 : retour à Paris

 22 : Pour le projet d'hommage à André Gide dans la NRF, Jean Paulhan envisage de faire appel à de jeunes auteurs, "sans grands noms". Il se promet de solliciter AR pour Les Cahiers d'André Walter.  Il sera l'un des rares encore présents dans le numéro d'hommage à sa mort en 1951.

 28 : réception des épreuves de Ma Vie Sans Moi de l'atelier de fabrication de Gallimard ; réfléchit à son article sur André Gide, qui n'a pas été retrouvé. Evoque la guerre à mots couverts.

 31 : Lettre à Jean Paulhan : épreuves corrigées et renvoyées ; a reçu les Morceaux Choisis de Gide et son numéro de la nrf. Armand Robin, qui vient de passer un nouveau conseil de révision est exempté.
Fin août ou début septembre : Lettre à Jean Paulhan : a écrit une nouvelle strophe de Temps passés qui évoque la guerre :
Qu'attendre de la nuit sauf une nuit plus noire ?
Un peu de feu brisé par tous les vents du monde,
Cheminant sans ,fatigue au milieu de la honte,
S'appuyant à Dieu même à l'instant de faiblir
Allait du père au fils en suivant les hauteurs...
Relit son article sur Rilke et le trouve "bien mauvais". Il l'envoie quand même puisqu'il est attendu.

septembre  1 : Esprit : René Bichet : Les poèmes du petit B
 
1 : nrf : Rilke : Nuit sur la grandeur, traduction de Die grosse Nacht. La traduction d'AR est accompagnée d'un texte de Hans Carossa. Rencontre avec Rainer Maria Rilke. En revanche le texte d'AR ne paraît pas. 

 Début septembre : lettre à Jean Guéhenno de Paris : donne des nouvelles de lui, de ses frères... Annonce que Gallimard lui a confirmé la parution de son recueil de poèmes malgré tout. N'envisage pas de faire autre chose que des poèmes pendant la guerre.
 9 : Lettre à Jean Paulhan : fait à la mairie l'interprète auprès des réfugiés polonais, russes et roumains. Se montre satisfait du texte de Carossa qui accompagnait sa traduction de Rilke dans la nrf de septembre.

 mi-septembre : Lettre à Jean Paulhan :   souhaite la continuation de la nrf, quoi qu'il arrive ; confirme son statut militaire d'exempté, ce qui veut dire qu'il va repasser en conseil de révision, et souhaite un service où il serait utile. travaille à son article sur Gide.
 18
: Lettre à Jean Paulhan : s'inquiète du manuscrit renvoyé le 31 août en recommandé par la poste et non arrivé ...

octobre   Début Octobre : lettre à Jean Paulhan : s'impatiente de la publication de son livre; satisfait de ce que Paulhan a écrit dans le numéro d'octobre de la nrf contre Hitler. Pourtant il préférerait  que la nrf ignore cette guerre. A cherché du travail pendant 10 jours et n'en a pas trouvé. A achevé 2 films qu'il juge très beaux.
Début octobre :
Lettre à Jean Paulhan : est nommé en classe de seconde au lycée Hoche à Versailles où il se plaît à parler breton avec le personnel. Annonce une visite possible à Sartilly, où se trouve Paulhan et une rencontre lors d'un séjour de ce dernier à Paris.
10
: Paulhan donne des nouvelles des auteurs nrf sous les drapeaux à A Petitjean : il classe AR parmi les infirmiers.
19 : peu après la rentrée : a vu Guéhenno, et a un bel emploi du temps.
fin octobre : lettre à Jean Guéhenno. Donne des nouvelles d'amis communs. Supervielle est à Montevidéo. Confirme son poste à Versailles. Pour y aller il a acquis un vélomoteur. A commencé à donner une suite à Hommes sans destin, qui deviendra Le Temps qu'il Fait, et aimerait récupérer soit son manuscrit soit le numéro de la revue Esprit.
novembre  1 : : Esprit de novembre-décembre : Jean Paulhan : Les Hain-Tenys
 10 :  Lettre d'Elsa Triolet à Jean Paulhan  : Mon jeune insulteur est venu me voir. Nous n'avons étrangement rien à nous dire. J'espère que cet acte de bonne volonté, de part et d'autre, nous sera compté quand on fera le bilan de nos péchés.
 
Fin novembre : lettre à Jean Paulhan : ne peut venir au rendez-vous car il a un conseil des professeurs; termine son apprentissage de l'espagnol (5e leçon); apprend l'irlandais et passe sa licence de russe.
décembre   17 : Journal de Léautaud : Louis de Gonzague-Frick parle d'AR  à Léautaud : un tout jeune poète, Robin, absolument remarquable.
 
20 : Mariage de Marie Corentine Jégu et de Joseph Ourvoie à la mairie d'IGNY, (Seine et Oise). Ce mariage légitime aussi le fils de la mariée : Ferdinand Jegou, fils biologique d'Armand Robin, devient donc Ferdinand Ourvoie.  [Informations fournies par la famille :  https://gw.geneanet.org/gilles101?n=jegu&oc=&p=marie+corentine]

 
25 : lettre au doyen de la faculté des lettres de Lyon pour demander le transfert de son diplôme de licencié es lettres à l'académie de Paris ou à son domicile.  En réponse l'université de Lyon lui fait savoir  qu'il a déjà demandé et obtenu le transfert de son dossier d'étudiant. La faculté des lettres de Paris en a accusé réception le 16 novembre 1934. Dans le lot de pièces transférées, il y avait bien son diplôme de licence en octobre 1934.

 Les extraits de lettres de Jean Paulhan ou de ses divers correspondants sont puisés dans l'excellente série des Cahiers Jean Paulhan de la SLJP :  http://jeanpaulhan-sljp.fr/cahiers.html

Notamment André Gide, Jean Guéhenno, Aragon et Elsa Triolet, Marcel Arland, Jules Spervielle, Armand Petitjean, ... établis notamment par Jacqueline Paulhan, Jean-Kely Paulhan, Jean Jacques Didier, Luciano Rebay, Jean Charles Vegliante, Frédéric Grover, Pierrette Schartenberg-Winter, Martyn Cormick...

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