DEPART DES GLACES
I
Jusque ce jour aux jeunes plants
Le sol printanier n'ose rêver;
Hors la neige haussant pomme d'Adam,
En noire berge de fleuve il se met.
Le rouge ciel pique en tique son dard
Dans les golfes, croix, carènes, camp
De pêcheur près le Vieux Sauveur;
Le soir qui l'ôte, ôte chairs, sang.
Gouttes, puis gouttes jusque midi; puis,
Froissant de gel le sol, vif cri :
Glaçons flottants tous tuerie,
Coups de canifs de leurs débris.
Et nul coeur. Seuls: râles à l'écart,
Morts bruits de fer, clics de canifs
Et mâchonneurs grincements de heurts
Masse contre masse massifs.
(1915)