- 1940 - |
janvier | 1:
Esprit : parution de Airs de ronde
pour lutins, (dernier texte à paraître dans
la revue avant octobre 1952), avec en note l'annonce de sa
parution dans Ma vie sans moi.
Le titre du recueil éponyme est donc fixé. 1 : retour à Paris après un bref séjour en Bretagne - Lettre de bonne année au couple Paulhan avec le manuscrit de Temps passés incomplet : il manque presque tout le 3e mouvement, celui qui sera conservé dans la nrf. Annonce un prochain conseil de révision dont le résultat lui est indifférent. 14 : lettre à Jean Paulhan : le conseil l'a jugé apte au service armé : souhaite ne pas en revenir vivant, regrette d'avoir écrit des poèmes, ne veut plus être publié; va continuer à écrire, mais détruira ses poèmes. *** Sans date, mais après la parution du Numéro de janvier de la nrf, lettre à Jean Paulhan : AR commente certains articles de la revue : Cocteau, Mauriac, Aragon. Il en profite pour faire le point sur ses relations, maintenant apaisées avec Elsa Triolet : je la trouve très sympathique. |
février | ***
Lettre de Paulhan à Jules Supervielle à
Montevideo : Robin vient d'écrire à Gaston G[allimard]
qu'il avait déchiré, fâché de voir que son livre ne
paraissait pas, tous ses récents poèmes. 1 : nrf : publication d'une note de lecture sur Rilke, Contes de Bohême. 13 : Lettre d'Elsa Triolet à Jean Paulhan : Robin m'a téléphoné un matin à 9h, ce qui pour moi est l'aurore, et m'a dit qu'il avait la grippe. C'est tout ce que je sais. 14 : Je suis fâché qu'AR ait la grippe, répond Paulhan, qui ne va pas bien non plus. 20 : Elsa Triolet à Jan Paulhan : Cher ami, mais si, je vous plains. Je serais même capable de vous broder des pantoufles. Mais pourquoi dois-je m'intéresser à Robin ? |
mars | 4
: obtient son permis de conduire, catégorie B
*** Lettre à Jean Paulhan (datation imprécise) : a écrit un prière d'insérer à la demande de Gallimard ; se découvre entouré de "présences féminines" : 1ère allusion évidente à Jacqueline Dastros, sa future femme. |
avril | 4
: date officielle de sortie de Ma Vie Sans
moi d'après Gallimard. Mais l'achevé
d'imprimer et le visa sont plus tardifs.... 9 : date du visa de Ma vie sans moi 15 : dernier numéro de la revue Mesures 16 : "arrivé au corps", d'après son livret militaire. Armand Robin est mobilisé à Versailles dans le Génie. Il a été faire un séjour en Bretagne juste auparavant pour passer sa dernière soirée avec son père qui lui avoue à cette occasion avoir composé des poèmes et des chansons dans sa jeunesse. Il pense rester 6 mois à Versailles. Il y rencontre Adam Saulnier, futur journaliste d'art à L'ORTF, qui dresse de lui ce portrait dans ses mémoires : Je l’avais remarqué à quelques petits détails : le livre qui se trouvait dans son paquetage Les Fleurs de Tarbes de Jean Paulhan ; la possibilité qu’il avait de rester des heures durant couché sur le dos, les yeux grand ouverts et les mains jointes sur la poitrine ; le dégoût qu’il manifestait à la seule idée d’avoir à se laver, ce que, par conséquent, il ne faisait jamais ; son incapacité calculée à rouler ses bandes molletières ; sa fantastique mémoire (il avait appris au mot à mot le manuel du gradé) ; sa façon provocatrice de dire qu’il était anarchiste. Cité par Gérard Streiff dans sa biographie d'A Saulnier, éd L'Harmattan. 18 : achevé d'imprimer de Ma vie sans moi, 8e volume de la collection Métamorphoses, 112 p, 140X190, tiré à 1000 exemplaires sur papier de châtaignier, plus 180 en service de presse; prix : 25 francs. "Dédié à mes amis Jean Guéhenno, Jean Paulhan, Jules Supervielle." Imprimé par Emmanuel Grevin et fils, Lagny-sur-Marne. *** Traduit des poèmes russes. *** Lettre à Jean Paulhan : demande quelques exemplaires de Ma vie sans moi pour obtenir de ses chefs l'autorisation de publier |
mai | 1
: nrf : parution du
Prière d'insérer de Ma vie sans moi, rédigé par
Jean Paulhan ... sous la forme d'une publicité dans
l'espace dédié de la nrf... C'est la 1ère
strophe du Portefaix des eaux qui amorce la
présentation. Suit la biographie du jeune poète
: né en 1912, à Plouguernével (Côtes-du-nord), - dans
la ferme la plus rétive de la commune. L'acte de
naissance porte : "Comparants et témoins ont déclaré ne
savoir signer". Vers deux ans recevait déjà de son
cheval favori un grand coup de pied en plein crâne.
Cessa peu de temps après de croire aux difficultés et
sut d'une âme égale accueillir les miracles, même
étonnants, qui l'aidèrent à apprendre français et grec
parmi les ronces. Eut peur, bien qu'il ne fût alors au
courant de rien, le jour où une amie sorcière des
environs de Guéméné le menaça d'avenir poétique et de
bien d'autres choses encore... Mais que tout continue...
(...) Cependant se méfier des légendes qui lui prêteraient des lueurs en plus d'une vingtaine de langues. A publié des poèmes dans la NRF, dans Mesures, Esprit, Europe, les Cahiers du Sud, etc... A noter que la remarque sur les comparants et les témoins de l'état civil est exacte. Toutefois, comme par miracle, ces mêmes témoins retrouvent l'usage de l'écriture lors de la cérémonie religieuse... vers le 20 : parution officielle de Ma Vie Sans Moi d'après une lettre d'AR à Jean Ballard. |
juin | 4
: quitte Versailles pour Périgueux, caserne Daumesnil
8 : carte postale à Jean Paulhan et Gaston Gallimard à Mirande : AR se trouve à l'école militaire du Génie de Saint-Sulpice dans le Tarn... avec Eluard ! 15 : lettre à Jean Guéhenno : lui raconte son séjour à la caserne de Versailles et lui annonce sa ligne de conduite pour la période de la guerre : Maintenant, je pense, va commencer notre véritable travail. J'ai confiance en la permanence de ce pays: il ne sera dépouillé que de ses ornements matériels. Peut-être, dénué du matériel, va-t-il enfin prendre souci du réel. Je ne crois pas, à tout prendre, qu'il y ait là un désastre. Voilà qui me soutient en cette "nuit" très noire. Je surmonterai cette nuit. C'est dans la ligne de ce qu'il avait déjà annoncé un peu plus tôt et qui ne variera pas : Je tâcherai, autant que je le pourrai, de travailler à des poèmes, dans le silence. Il demande aussi de lui envoyer un peu d'argent. vers mi-juin : Lettre à Jean Ballard sur papier à en-tête "Armand Guibert" barré : cherche des nouvelles de Paulhan et de Gallimard; envoie pour publication une traduction d'Essénine, sans doute Quarante bouches, qu'il a retravaillé, et demande en échange une petite somme. 21 : lettre à Jean Paulhan : donne des nouvelles de sa famille; a reçu 3 lettres de Jacqueline Allan (sic), nom de plume de Jacqueline Dastros, sa future femme; et une autre de Jean Guéhenno, "très sombre". Annonce sa démobilisation et son retour à Paris, et surtout qu'il a écrit de la prose dont il lui est difficile de parler: sans doute Le temps qu'il fait au moins dans son début. Jacqueline Allan a publié en octobre 1938 dans le 8e cahier GLM (Guy-Levis Mano). Elle publiera également dans La Main à Plume de Noël Arnaud, dans Les Cahiers de l'Ecole de Rochefort L'oubli des Mots, dans la NRF un poème en janvier 1943, et L'écho du silence chez Seghers en 1952. |
juillet | 1
: prise en main de l'édition française par la
Propaganda allemande : dépôt légal et dépôt au bureau de
presse de l'autorité militaire d'occupation.
Après le 4 : Reçu
un mot de Robin, badin, qui m'annonce qu'il va
"travailler dans un monde intérieur éclairci" et qu'il
est tout heureux de rencontrer Eluard tous les soirs.
Quelle chance !
13 : Lettre à Jean Ballard : a reçu une carte vierge de Ballard et s'en étonne, puis donne des nouvelles de la NRF, et demande si le poème [sans doute Quarante Bouches] sera publié par les Cahiers. 14
: Lettre de Paul Eluard à Saint-Sulpice-la-Pointe dans
le Tarn à Jean Paulhan : ici il y a Robin, qui est
bien gentil.
25 : Lettre de Paulhan à Supervielle : Eluard est près d'ici, à côté de Robin, enchanté (de quoi ? De tout. Il dit que la vie est enfin claire, qu'on sait "où l'on va"). - Moi non. 27 :
entrevue très orageuse avec Guéhenno, qui a décidé de ne
rien publier tant que la France serait occupée. En voici
le récit, extrait du journal des années
noires : X.., le poète vient me voir. Je l'interroge
sur son expérience de soldat Il me parle de l'armée
comme du plus invraisemblable monstre surréaliste. Ce
qui n'est pas mal. Quant à l'événement, l'histoire ne
l'intéresse pas. Alors il va continuer ses petites
recherches, travailler à ses poèmes. Au total, il est
assuré que la liberté n'est pas menacée. Il vivra
retiré au sein de son fromage poétique. Je l'ai mis à
la porte. Ces jouisseurs me dégoûtent. Il eût été
ridicule de discuter, d'expliquer que la poésie, la
grande, la vraie est connaissance et par conséquent
liberté, la liberté même... A quoi bon...
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août | 4
: arrivée à Vichy
6 au 14 : visite à des "amis" dans la Nièvre: il s'agit vraisemblablement de Jacqueline Dastros et de sa famille. 10 : Lettre de Paulhan à
Jean Grenier : Robin se réjouissant de
l'indépendance de la Bretagne, Guéhenno l'a mis à la
porte. 16 : lettre à Jean Paulhan de Vichy, où il n'a pas encore vu son élève: s'est amusé à franchir la frontière de la zone libre dans la région de Nevers; nouvelles d'Eluard: il a quitté Saint-Sulpice; exprime le souhait que la nrf continue. milieu du mois :
Lettre de Jean paulhan à Jules Supervielle : Drieu
étant allé voir Abetz en a reçu le conseil de fonder,
non pas un journal [...] mais "une grande revue
politique et littéraire". La revue paraîtra donc. Chez
Gallimard, qui pense ainsi être protégé contre bien
des choses. Robin est reparti pour Paris, si
joyeux que tout le monde s'en trouvait offensé, et que
Guéhenno l'a mis à la porte. (Les Allem[ands] ont
annoncé que la situation des poètes en France occupée
"allait changer du tout au tout". 17 : départ pour Paris 18 : AR est arrivé à
Paris 19 : Lettre de Jean
Paulhan à Marcel Arland : Robin, vu hier, me dit que
les paysans bretons (et il les connaît bien) sont tout
joyeux à l'idée de leur autonomie prochaine. |
septembre | a peu écrit, occupé par des problèmes matériels et familiaux: libération de ses frères, visite à son père (?), déménagement et préparatifs de mariage..... |
octobre | [6
? :] lettre à Jean Paulhan : Ici la
liberté de créer est aussi grande qu'avant;
sinon plus : peut-être est-il mieux que l'esprit n'ait
pas à penser politiquement, mais seulement humainement;
annonce son mariage pour dans une quinzaine de jours et
souhaite JP comme témoin, avec Eluard comme témoin pour
Jacqueline ; a vu Drieu, Guéhenno, et Eluard; a déménagé
au 55, rue Paul Barruel Paris 15e, domicile de la future
mariée, et futur domicile du couple; donne son numéro de
téléphone Lecourbe 90 09.
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novembre | 23
: sous la pression allemande, Drieu La Rochelle est nommé
directeur de la nrf. *** : Lettre de Paulhan à Marcel Arland : Je suis tombé hier en pleine réunion directoriale. Drieu, Robin, Aymé, Fernandez, et (je le crains) Jacques Boulanger. |
décembre | ***
fin novembre ou courant décembre : lettre à Jean Paulhan :
AR a lu plusieurs auteurs maison, Cocteau, Aragon, Mauriac
et Elsa Triolet... qu'il trouve sympathique désormais.
Clairement AR est à la recherche d'un travail à la nrf
!
Le même numéro contient le 1er
article critique sur Armand Robin. Il est signé Drieu.
Plutôt mitigé dans les éloges, il se termine toutefois
par : Il y a dans Ma Vie sans Moi, des dons
définitifs : un rythme sûr et qui étendra ses
conquêtes, une passion qui ne s'étiolera pas, une
pensée acharnée à se chercher à travers les cryptes de
la nature. 3 : lettre à Jean Paulhan : AR avait sollicité un poste auprès de Drieu à la nrf: Gallimard a répondu par la négative. Par ailleurs il attend des nouvelles de la fondation Blumenthal pour l'attribution d'un prix. La lettre se termine par un "amical souvenir" de la main de Jacqueline.
*** Non daté pour 1940 : texte respecte ton chien de père, traduction / adaptation de la mythologie boudhiste. |
dernière révision : 10/05/2020
index éphéméride
*** Les événements ainsi marqués, quoique authentiques, ne peuvent
être datés de manière très précise. Ils figurent en tête de
l'année ou du mois.