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cahiers du sud
                  avril 1939
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Armand Robin : la poésie

 avant et autour de Ma Vie Sans Moi 

Transfiguration 1939

                  

Transfiguration

 

Sur les blessures que les montagnes clament aux quatre vents

Se pose le baume rose du soleil couchant ;

Voici qu’avec les feuilles naît la bonté,

L’éternité chantonne un vol de scarabée,

Aux fontaines se décide un ciel en peine

Et l’herbe se déride à l’embrasser.

 

Si tu le peux, ma tête, dors sur ton nouveau chant,

Le réel va mûrir sans ruse, posément.

 

Des arbres, quatre champs et la plaine des astres

Boivent contre mon front la fraîcheur d’être calmes

Et purs devant le monde argenté, dépouillé ;

Des clartés de nuages à hâtes bleuâtres

Se disputent une route de lune, de songe et de silence ;

Il s’élève en tout mal presque une indifférence

Et la Terre se fait si simple que la sérénité

Pousse en tige pensive auprès de la Beauté.

 

Le réel va mûrir sans lutte, posément.

Si tu le peux, ma tête, dors sur ton nouveau chant,

 

Des sentiers de tendresse soulèvent les collines

En immenses touffes d’attente, de prière et de rosée ;

Les profondeurs de chair montent vers le secret,

L’inaltérable éclat des pleurs dissimulés

M’illumine tout l’espace en temple taciturne

Où même un cri de Dieu ne serait qu’un murmure.

Un seul sanglot mortel encore et nos mots en confiance,

Souplement isolés des précipices que le silence hisse,

Sur les cordes vigilantes de la douleur danseront notre frêle

Invocation pour la dernière et souveraine étoile

Qui trop lointaine a su nous dérober sa joie.

 

Martelé de lueurs jusqu’au destin d’un vers,

Dors en brisant sans bruit l’enclos de l’éphémère.

 

Armand Robin, Arts et Idées N° 19 avril 1939

Ce poème, resté inédit en volume, a été écrit en août 1937 au château des Taboureaux, dans l’Yonne, propriété  de Simone et Maurice de Crépy, qui ont mis  à la disposition permanente d’Armand Robin un petit pavillon solitaire dans la propriété.  Le jeune poète y donne des cours particuliers aux enfants de la famille, Jacques et François, avant de nouer avec eux des relations d’amitié. Le poème leur est dédié : A Simone et Maurice de Crépy, en toute amitié, ce poème que Les Taboureaux et eux seuls ont créé. Les deux premiers vers seuls sont nés ailleurs. Plus tard, Jacques et Dolly, sa jeune  épouse, seront les mystérieux dédicataires de  Poésie non Traduite. 

Le poème est contemporain des meilleurs qui figureront dans Ma Vie sans Moi. Expédié avec eux à Jean Paulhan en 1938, et revêtu du signe NRF comme eux, il aurait légitimement pu prétendre figurer dans le recueil. 

L'auteur lui donne dès le départ un statut particulier parmi les textes envoyés à Jean Paulhan en vue de publication : « A l’ensemble de poèmes que je vous ai envoyés (sous le titre  Coutumes de la Beauté),  j’ajoute ce poème Transfiguration.  Je me demande pourquoi je puis considérer ce poème comme terminé. !»


 

     Poésie personnelle
          Ma Vie Sans moi