POÈME DU FILS DU PROLÉTAIRE
Mon père à moi de l'aube à la nuit
Vite, vite, trime, travaille ;
Mon père à moi, pas d'homme meilleur
Où qu'on aille.
Mon père à moi va en veste usée,
Mais m'achète un habit flambant
Et me parle d'un futur tout beau
Amoureusement.
Mon père à moi est captif des riches,
Ils le broient, le ploient, le pauvre gars,
Lui, le soir, il rentre, du bon espoir
Plein les bras.
Mon père à moi, sa fierté, sa force,
Il nous les donne, ce lutteur, ce grand,
Mais lui-même jamais ne s'abaisse
Devant l'argent.
Mon père à moi est un pauvre, un sauvage ;
S'il n'avait de regard pour son gars,
Il arrêterait cette immense farce
D'ici-bas.
Mon père à moi, s'il le décidait,
Les riches tous seraient détruits,
Tous mes petits camarades seraient
Comme je suis.
Mon père à moi, s'il disait un seul mot,
Ha, on en verrait des peureux,
Ils seraient moins nombreux, les noceurs,
Les heureux.
Mon père à moi, travailleur, batailleur,
Peut-être c'est lui, le roi des rois ;
Oui, plus que le Roi, c'est lui le fort,
Mon père à moi.