JE CROIS INCRÉDULEMENT EN DIEU
Je crois incrédulement en Dieu,
Parce que croire je veux,
Parce que jamais n'y fut réduit si fort
Un vivant, un mort.
Ils vont couler hors mon cur écrasé,
Les vocables d'âcreté,
Qui déjà l'an dernier étaient des décédés,
De la vanité enjolivée.
Aujourd'hui tout, tout s'est fait prière ;
Aujourd'hui tout est une massue
Qui frappe mon corps, mon âme, mon cur ;
Soif de la Grâce est cette massue.
Beauté, Pureté, Vérité,
Mots qu'humilient les éclats de rire,
Oh si seulement j'étais mort quand je vous ai
Humiliés par mes éclats de rire.
Virginité, Bonté, sage Débonnaireté,
Hélas oh vous êtes une nécessité.
Je crois en un Christ, d'un Christ je suis attente,
Je suis malade, malade.
Je m'arrête en somnambule souvente fois
Et je veux reprendre mes sens,
Mais devant moi cent mystères tournoient
En de saints éblouissements.
Tout dans ce grand monde est mystère,
Dieu aussi, s'il existe, est mystère,
Et le mystère des mystères, c'est moi,
Mon pauvre, mon traqué moi.
Dieu, le Christ, la Vérité, et les autres demandes
Qui tour à tour sont toute ma demande,
Pourquoi les demandé-je ? Oh torture, voilà le mystère
Qui plus que moi-même est l'immense mystère.