LES BAISERS DANS LE PALAIS DORMANT
En deçà de la mort, au delà de la vie,
Seul un gars viril peut arriver là,
Seul un morne mâle peut arriver là.
Dans brumes, dans ténèbres somnole, somnole
Le palais du baiser.
Dans mille chambres mille femmes,
Blanches, belles femmes, en attente halètent,
Brûlantes, grandes femmes, en attente halètent.
Ton coeur à toi en tocsin d'incendie frémit,
Retentit, bondit.
Porte après porte, tu ouvres furtif :
Partout femmes et lits,
Parfums, femmes-flammes et lits,
Dédale du baiser avec mille femmes
Et mille « jamais ».
Là tu vas tournoyer pour l'éternité,
Peureux, frileux, sans baiser,
Fleuri de frimas, sans baiser.
Et sur tes bruns cheveux l'énorme Automne
Egouttera sa rosée de neige.