Dans la ville de Sravasti, le Bouddha entra dans la maison
d'un certain Sudatta, homme assez pauvre. Celui-ci était absent. Sur le divan, un chien
blanc mangeait dans un plat. A la vue du Bouddha, il sauta à terre, et aboya violemment
contre lui.
Le Bouddha lui dit : - Silence, avare!
Le chien alla se coucher dans un coin, tout morfondu, et comme écrasé.
Quand Sudatta rentra et vit son chien dans un état de tristesse si extraordinaire, il
demanda qui lui avait fait cette peine. Les gens de la maison répondirent : "Le
Bouddha, en le traitant d'avare." Tout en colère, Sudatta alla demander des comptes
au Bouddha :
- Et d'abord, pourquoi l'as-tu traité d'avare ?
- Je ne lui ai dit que la vérité. Cet animal, c'est ton défunt père. Né chien dans
une nouvelle vie en punition de son avarice, il continue à garder ses richesses. Exige de
lui qu'il t'indique le trésor qu'il a caché à tous, même à toi.
Sudatta retourna chez lui et dit à son chien:
- Puisque dans ton existence précédente tu as été mon père, tout ce qui t'a appartenu
alors m'appartient aujourd'hui. Allons, indique-moi le trésor que tu m'as caché.
Le chien se glissa sous le divan et se mit à gratter la terre. Sudatta, ayant creusé en
cet endroit, mit au jour un grand trésor.
Aussitôt il crut au Bouddha et lui demanda de l'instruire sur les actes et leurs
sanctions. Et le Bouddha lui dit notamment :
- A chacun arrive infailliblement ce qu'il s'est préparé.
La volonté fait l'acte, mais l'acte fait la sanction, contre laquelle il ne sert plus à
rien de vouloir.
La pauvreté est le châtiment des riches.
La vie de chien est le châtiment des riches qui ne se conçoivent que riches.
Respecte ton chien de père. Sinon tu seras, dans une future existence, ce que mange un
chien.
Inédit en volume, ce texte diffusé par Robin à divers correspondants est paru d'abord dans la revue Plein Chant, automne 1979, dans une version légèrement différente.