![]() C'était pourtant un homme masqué mais il était bien organisé pour se cacher, pas du tout qu'il fût hypocrite ou maniganceur, il était même très naïf. Les choses qu'on disait secrètes, il en faisait même lecture sur la place publique, en disant que c'était secret; il le lisait sur le parvis de Notre-Dame à quelques amis d'une voix tonnante. Et il aimait assez rire et pleurer aussi. Il était accessible à des émotions contradictoires et je n'aurais pas su sir à ce moment-là qui il était. (...) Il était errant même à Paris. Personne au fond, très peu de gens l'ont vu dans son milieu natal, dans la poussière. On l'a toujours vu hors de chez lui et même hors de son chez soi provisoire: à Paris, qui allait le voir? Personne ne l'a vraiment vu vivre sa vie quotidienne, seul avec sa solitude qui lui tenait compagnie - on peut dire - et ses animaux domestiques, son écureuil, son chat, - il aimait beaucoup les chats aussi. Et voilà les poèmes... (...) Je ne savais pas d'où sortait Robin. Il y avait une forge où il avait forgé ses outils, et je dois dire que je ne l'ai jamais interrogé là-dessus. Que m'aurait-il répondu? Il ne faisait pas de confidences tellement; c'est seulement maintenant après avoir travaillé un peu à le connaître que je me suis posé la question. D'où venait-il? Bien sûr de la Bretagne, mais de l'éternité aussi, c'est la même chose. |
Ce
témoignage oral d'Henri Thomas figure dans le dossier Hélias. Il a été
réalisé pour la télévision régionale sous la direction de Paul André Picton en
1968-69.