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Armand Robin: témoignages

- Claude Roland-Manuel -

livrevieux.gif (469 octets) Nous avons réalisé, A. Robin et moi-même, pour le compte du Club d'Essai de la R.T.F., dix-huit  (sic) émissions sur des poèmes en dix-huit langues, traduits par notre sorcier, et présentés de manière à donner à l'auditeur -par oppositions et superpositions de la langue originale et de la traduction, - le sentiment qu'il les percevait dans leur forme primitive. Ainsi, ai-je vu mon ami, parfois à longueur de nuit, travailler « son à son » en un univers d'incantation universelle, où le latin de Virgile venait soutenir dans sa transmutation le suédois de Frôding. Ainsi, ai-je constaté, souvent après quelques hésitations, la stupéfaction des récitants étrangers (certains, par exemple, professeurs à l'Ecole des Langues Orientales) devant la fidélité unique de ce non-traducteur, en précision, en profondeur, en musicalité. Précision ? Ce mot, selon les poèmes, peut s'entendre de manières diverses. Il demeure qu'Armand Robin n'a pas plus inventé en tchérémisse-des-prairies qu'en anglais. La seule différence, c'est qu'il parlait vraisemblablement mieux le tchérémisse. Il parlait couramment hongrois, mais jugeait inutile de perfectionner son anglais. Cependant, traduisait-il un poème anglais, ou s'attaquait-il en huit jours au flamand (parce que je lui avais dit : «Existe-t-il une poésie flamande contemporaine? » il prit alors immédiatement le train pour la Hollande), il s'entourait humblement de tous les conseils des spécialistes... et de son intuition, mais, à force de recoupements linguistiques, l'intuition n'était pas livrée au 'hasard.

C'est par le courant de sa passion, nous le savons, ou de sa non-passion, comme il eût dit, c'est-à-dire par cette vacuité frénétique épousant la passion de son modèle, qu'il ramenait les poèmes à leur terre - redécouverte, à leur ton primitif. Le grand Giuseppe Ungaretti m'a dit un jour (j'ai consigné ses propos avec précision): Mes poèmes traduits par Robin, c'est moi plus Robin. Il m'a saisi aux racines. Il y a sous terre une seconde floraison. Je ne sais plus quel est l'endroit. Nous sommes un arbre double. Identiquement venus de rien » - comme la terre.

 
     Ce témoignage de Claude Roland-Manuel est paru dans la revue  Cahiers des saisons, hiver 1964, éd Julliard