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Armand Robin: témoignages

- Jacques Réda -

livrevieux.gif (469 octets) Ici Armand Robin

Les postes de T.S.F. ressemblaient à des temples mormons,
A des entrées monumentales d'exposition universelle.
Vers cinq heures l'hiver dans la cuisine je prenais mon
Goûter et je montais à bord de la musicale nacelle.

Déjà ces noms mystérieux: Hilversum, Reykjavik, Sottens,
Gravés sur le cadran aux luminosités d'absinthe,
M'emportaient par-dessus les mers. Des chants intermittents
Grondaient pour l'agrandir à l'infini dans cette enceinte

Et, dans un nouveau ciel où passaient nuageuses des voix
Parfois tombant en neige ou sifflets de météorites,
Je m'éloignais seul au milieu des cohues des convois
De clameurs, chuchotis et communications spirites.

Toujours plus avant à travers les sidéraux buissons
Des ondes courtes ricochant contre l'ionosphère,
Je volais parmi des corbeaux rauques et des pinsons
Vers le torrentueux babil que le coeur humain vocifère

Et qui se ramifie en russe, en arabe, en chinois,
Mais dont à mesure que l'aiguille accélérait sa course,
Tandis qu'espionnait un soir de novembre sournois,
De plus en plus souvent m'éblouiclaboussait la source.

Sous la racineuse consonne où le tohu-bohu
Se bouscule en claquant des dents, tremblant des lèvres,
J'entendais fleurir (antérieure aux A,E, I, 0, U)
La voyelle incolore et pure où boivent tous les livres.

Au même instant peut-être alors, Robin, vous l'écoutiez,
Battant divinement au fond des langues la campagne.
Elle est restée entre vos doigts, par les sombres sentiers,
Et chante avec vous -on saisit dans la foire d'empoigne

Sonore: Ici Robin qui vous parle du monde entier,
Et de l'envers du temps plus frais qu'un ruisseau de Bretagne.

       Jacques Réda