Armand Robin, oui, il y eut grande amitié. Il venait très souvent dîner avec moi, dans un bistrot de Meudon, où j'habitais. Il avait acheté une voiture à trois roues, genre de yoghourt qui faisait la joie des passants. Un des rares hommes vraiment pas d'ici que j'aie fréquentés. Totalement affranchi, hanté par l'absolu, dont la vie courante donne des signes, généralement mis de côté. Il parlait toutes les langues, sauf, aurais-je envie de dire, le français tant il trouvait peu d'interlocuteurs partageant les mêmes obsessions. On ne sait toujours pas très bien comment il est mort. Sans doute tabassé dans un quelconque commissariat. Henri Thomas est de la même race. De grande fugue. En gros, des hommes pour lesquels la terre est ce qu'est la mer aux marins. |
Ce témoignage de Georges Perros (lettre à
Y.D. du 5/10/77) est paru dans l'hommage à Georges Perros, éd Calligrammes,
Quimper 1988.