Un jour, Il m'a écrit.
Il m'a envoyé une somme d'argent et m’a demandé de
venir le voir à Paris. J’ai spontanément répondu à son
invitation. Durant toute une nuit, il m'a lu le texte
d'un roman qu'il était sur le point d'achever et dont
le contenu m'avait d'ailleurs vivement intéressé. La
tonalité de Kafka se faisait sentir. Robin contait
l'aventure métaphysique de son héros venu de Bretagne
et qui doit finir par disparaître à son point extrême
de dépersonnalisation. Le style prosodique était
neutre, fait d'une grisaille supérieurement maîtrisée,
très caractéristique chez Robin. Cet ouvrage est
certainement resté inachevé et peut-être même l'a-t-il
détruit parce que trop personnel, car personne n'en a
entendu parler.
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Roger Toussenot, Le solitaire, Cahier des saisons, hiver 1964 |