"L'uvre
d'art véritable est opposition, rébellion et presque provocation; un être, armé de
douleur et de joie aux profondeurs où les formes et les pensées se décident, à force
de défier les menaces et les insinuations, les douceurs et les injures de l'éphémère,
finit pas s'arracher à la toute-puissante indifférence des instants et par bâtir,
au-dessus de la vie, sa vie." Dans ce premier texte connu de lui, il avait
vingt-quatre ans, une dissertation d'agrégation sur Mme de Sévigné - un faux devoir -
Armand Robin apparaît tel qu'il sera toujours jusqu'à sa mort dramatique, en révolte
permanente. Comme un combattant engagé du mot, dans un courage persistant jusqu'aux
apparentes incohérences voulues et assumées, toujours poétiquement. Dans une sorte de
fidélité noire et farouche à ce qui était peut-être chez lui une non-idée de la vie,
et aussi de l'uvre. Avec en même temps, une naïveté généreuse, directe à
toutes choses, aux mouvements, aux paysages, aux êtres. Avec une remarquable
disponibilité au jeu, à l'humour, à des jeux et des humours pas toujours innocents.
Parfois même communication. Communiquer à tout prix - et faire se communiquer- par
la traduction, le poème, la critique, la radio, l'information directe, le bulletin
d'écoute, dans une oeuvre sans cesse éclatée, éparpillée comme une multiplication
d'échos autour du cri d'un non-moi. Angoisse? Nihilisme? Plutôt le besoin anarchique et
exigeant d'une sorte de fraternité presque inimaginable. |