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Armand Robin: témoignages

- Pierre Béarn -

livrevieux.gif (469 octets)Souvent il m'apportait, dans ma bouquinerie de la rue Monsieur le Prince des plaquettes de poèmes qu'il avait traduits. Il en fixait le prix, mais il ne voulut jamais rien encaisser. "Si tu les vends, disait-il, envoie l'argent à la Fédération anarchiste".

Pourtant, il était sans cesse en train de mendigoter auprès de ses amis: "Tu n'as pas dix francs?" ou "Tu dois bien avoir des billets de métro dans ta poche?" . Il se moquait des vêtements; il donnait même l'impression d'être mal lavé.

Obsédé, mauvais coucheur comme on dit, il était heureux que nous le considérions comme un ami, alors qu'il refusait d'être aimé! Cardiaque, il ne se soignait pas. Il se détestait jusqu'à lutter contre lui-même. Il buvait peu mais d'une façon désordonnée. Il devenait ivre avec une déconcertante aisance. Brusquement, il m'abandonnait, et, lorsqu'allant dans la même direction, je le suivais, il s'efforçait de me perdre! (…)

Il aimait bavarder avec les femmes sans chercher à les séduire. Il nous parlait souvent d'une amoureuse qui habitait en Suisse. Nous ne l'avons jamais vu avec une femme. Il vivait SEUL dans l'intransigeance et le défi. Il n'allait chez ses parents qu'une fois tous les trois ans. Il nous parla même d'un appartement qu'il avait acheté à Sèvres et qu'il aménageait lui-même. Comment le croire? Je n'ai jamais vérifié. L'eût-il admis? Certainement pas. Malgré notre cordialité tapageuse, nos allées et venues de bistro en bistro, nos enthousiasmes, nos mépris parallèles, il restait un être détestablement inadapté, inadaptable. Je fus tout bonnement un des rares qu'il pouvait admettre. Il est vrai que je me gardais bien de le contrarier.

 
       Ce témoignage de Pierre Béarn est extrait d'une lettre.