ARMAND ROBIN ENTREVU Midi de plein fouet, avenue de Breteuil, aux marronniers feuilles naissantes qui, adultes, accompagneront la Libération. Tout indiquait l'incurable survécu. Des mannequins préparaient leurs nouveaux masques. Miraculé poète marchant avec Jean Simonpoli - cousin de guerre, frère donné par la culture, maintenant immortalisé pour quelques-uns - rencontrons imperméable clair, frileux, aux poches pleines de grammaires très exotiques, rencontrons regard myope rêvant sans doute Thulé. Les amis de "La Main à plume ", phénix issu d'Archéoptéryx, le disaient écouteur alimentaire de radios officielles. Revu dans ciels fixes comme préfixés surtout avec Jean Simonpoli, Jacques Hérold, Jean Rius, Marco Menegoz, Noël Arnaud. Parlait peu avec volubilité soudaine, hors de lui. Poète hors-la-loi, je ne retiendrai que cela, poète hors-la-loi-dela-jungle jusqu'au blasphème de soi. Parce que c'est là où l'agrandissement du Palais de la justice devient la cruelle auto-mystification, la sincérité bafouée, le génie aux abois. L'anarchisme d 'Armand Robin et d'Armand Robin seulement, et seul. Mais à tirer contre tous dans une rage rentrée et par moments expulsée, on tue peut-être plus d'âmes amies-amis en anxieuse justice et, de surcroît singulièrement cruel, amis inconnus - que d'ennemis. A travers les silences respectés de ces temps, autour de lui vibrait un biorythme plus inversé qu'en aucun autre fantassin du verbe d'alors. [...] Boris
Rybak, Les cahiers bleus, 2e trimestre 1980 |