L'émission de radio Pâques, Fête de la
joie, 25 avril 1943 Alors, me direz-vous, pourquoi Armand Robin pour une fête de la joie? Lui dont l'oeuvre publiée alors avait des accents si graves, si souvent douloureux et désabusés? Faut-il l'avouer?.. C'est que j'éprouvais à le lire la certitude que sous ses souffrances gisait une joie compressée et essentielle à sa nature. C'est parce que j'étais assuré de trouver son véritable visage intérieur. De provoquer comme une délivrance de message profond. Je lui écrivis. Il vint me voir. Ah ! la timidité, l'effacement, la discrétion de ce grand poète entrant dans mon bureau. Et notre gêne mutuelle au début de notre entretien. Comme tout alla vite bientôt ! Je ne m'étais pas trompé: le sujet le fascina aussitôt. Nous parlâmes de cette joie qu'il fallait faire surgir sur les ondes, des antécédents célèbres, littéraires et musicaux, d'Aristophane à Beethoven. Mais combien son horizon était par rapport au mien plus vaste et plus scintillant : je n'étais pas de taille à me mesurer à lui et je lui laissai la bride sur le cou. Tout au plus manifestai-je quelque crainte en imaginant la difficulté d'interprétation pour les cris des oiseaux, le risque de confusion que pouvait apporter certains mélanges sonores qu'il proposait. De sa voix douce il me convainquait, m'expliquant ce qui le motivait. Nous parvînmes vite à la ponctuation musicale qui donnait à chaque séquence du texte, un nouvel élan, le rebondissement exact. |
Le témoignage ci-dessus est d'André-Charles Gervais, réalisateur de l'émission. Il est extrait de la préface à l'édition de Pâques fête de la joie, Editions Calligrammes, Quimper, 1982, depuis longtemps épuisée. Il est daté du 13-08-82. Pour en savoir plus sur cette émission, voir à l'éphéméride à l'année 1943... Texte de l'émission en rubrique radio. |