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Armand Robin: Le traducteur:

Omar Khayam 1958

Novembre-décembre 1958: Parution des Rubayat -le premier titre était Les Quatrains- d'Omar Khayam, le poète qui a inventé l'art de se calomnier et qui ne se prenait pas au sérieux comme poète, ce qui lui permit de l'être de façon beaucoup plus vraie. Robin assure lui-même la promotion du livre aussi bien dans la NNRF, qui en publie 25 quatrains, que dans La Gazette de Lausanne, dont l'article nous renseigne autant sur le traducteur que sur l'auteur: Omar Khayam fut mis à l'index.(...) Omar Khayam en ses essais pour s'amuser avait organisé contre lui-même un ingénieux système de contre-propagande: il n'était pas ivre-mort jour et nuit ainsi qu'il ne cessait de le répéter, au contraire, il travaillait jour et nuit.(...) En fait, son vin à lui, sa drogue, c'était le surmenage. Il fut le premier homme au monde, cet Einstein de son temps, à trouver dans le surmenage son inspiration poétique.(...) Partout derrière cette oeuvre d'apparence jubilante, la tristesse absolue d'un homme à l'intelligence vertigineuse.

Le roubaï n'était pas un genre littéraire honoré en Perse du XIème siècle; le roubaï était décrété vulgaire, populaire, par les carriéristes littéraires de l'époque. On ne lui reconnaissait qu'une seule qualité: être spontané, être l'élan du moment... Le leibnizien Khayam, pas du tout poète professionnel, y fit de la physique du son, syllabe à syllabe; ses quatrains ne sont pas faits seulement d'intelligence, ils sont aussi faits de jeux de mots, d'allitérations.
Présentation


Pour mieux apprécier l'art de la traduction chez Robin, rien de tel que de comparer des traductions:

Hassan Rezvanian  Editions Imprimerie Nationale  1992

Armand Robin

Hier soir, j'ai brisé une cruche de faïence sur une pierre
J'étais ivre quand je me suis livré à cette voie de fait.
La cruche semblait me dire dans son propre langage:
"J'étais comme toi; tout ce que je veux, c'est que tu sois réduit à mon état!"
J'ai lancé contre une pierre un bol cette nuit;
L'acte brutal, j'étais ivre quand je l'ai commis;
Le bol m'a dit en langage de bol:
"J'ai été ce que tu es! Tu seras, toi aussi, ce que je suis!"
Suppose avoir vécu à ton gré, en ce monde. Eh bien, après?
Suppose achevée la lecture du livre de la vie. Eh bien, après?
Suppose avoir comblé tes désirs pendant cent ans,
Suppose que tu vives cent ans encore. Eh bien, après?
Tous les plaisirs, les avoir voulus... et puis?
Tous les livres, les avoir lus... et puis ?
Khayam, tu vas vivre, admettons, cent ans.
Mettons, si tu veux, cent ans de plus... et puis?
J'ai été par monts et par vaux;
J'ai fait même le tour de l'univers.
Je n'ai pas rencontré un seul voyageur
Qui, ayant fait cette route, en soit de retour!
Ce que j'ai cheminé dans la poussière du désert!
Mais le destin ne fut pas sensible à mon effort;
De ceux qui cheminent sur la route des jours
Je ne vois personne qui à contre-durée retourne.

Rubayat d'Omar Khayam (traduction d'Armand Robin) est publié aujourd'hui dans la collection poésie/Gallimard.

Dans le même domaine linguistique, Armand Robin a également traduit la première moallaka d'Imroulqaïs, que l'on trouvera dans Poésie non traduite tome I.