Armand Robin : la poésie personnelle :
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La publication des oeuvres posthumes d'Armand Robin est un véritable roman qui commence par leur rédaction pendant la guerre ou juste après : Armand Robin écrit des textes et notes parfois en vers libres, ou plutôt il tape à la machine ce qui lui passe par la tête, puis il remanie à maintes reprises. On aboutit ainsi parfois à plusieurs versions d'un même texte. Certains ne sont que des notes en vue d'un article de critique : ex: sur Claudel, Rimbaud ou Joyce. Un ensemble traduit son émoi à apprendre le chinois. D'autres évoquent son présent dans une période de crise. Parfois la proximité de sa rédaction du Temps qu'il fait le pousse à rédiger des "idées" en rapport avec la Bretagne. C'est en fait le journal de sa grande crise, envers de son oeuvre officielle (et notamment du Temps Qu'il Fait), et qui allait décider de toute sa vie. Armand Robin jugeait impubliable cette
oeuvre disparate, ce qui ne l'a pas empêché de la
conserver malgré toutes les vicissitudes
traversées. Il en avait même donné un aperçu à
ses contemporains dès 1943 dans l'anthologie La
Jeune Poésie de la collection
Comoedia-Charpentier, sous la forme de 3 poèmes
parfaitement caractéristiques : Lettre à mon
père, Le Traducteur et Dieu.
Ils révèlent déjà en filigrane la grande crise que
traverse l'auteur : il y annonce notamment son
renoncement à toute poésie personnelle et son refuge
dans la traduction. On peut les considérer à la fois
un testament et un justificatif de l'abandon définitif
de toute oeuvre personnelle et notamment de ces
brouillons sans doute déjà écrits en grande partie
alors même que ces trois poèmes sont parfaitement
aboutis et d'une forme très soignée. Rien ne dit
qu'ils aient été seuls... En 1961, à sa mort, ces papiers sont
sauvés, du moins en partie. En 1968, Alain Bourdon et
Henri Thomas les révèlent au public dans Le
Monde d'Une Voix ; mais l'oeuvre est
incomplète, disparate, fautive en de très nombreux
points. En 1992, Françoise Morvan en reprend l'édition
sur des bases plus scientifiques dans Fragments
et se limite aux textes de la période de la guerre.
Cela se termine en 2000 par Le
cycle du pays natal, qui reprend les
seuls poèmes et textes concernant la Bretagne. Le Monde d'Une Voix et Fragments ont été édités chez Gallimard dans la collection blanche. Une édition légèrement abrégée et très proche du Monde d'une voix se trouve dans la collection poésie / Gallimard avec Ma Vie Sans moi. Le Cycle du pays natal, éditions La Part Commune, 2000 et 2010, est extrait de Fragments.
les 3 poèmes de l'anthologie La Jeune Poésie Comoedia Charpentier
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