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Armand Robin :

les poèmes satiriques de La Nation Française

1956 - 1959

Le seul méchant boeuf du Nivernais 27/04/1958

                  

Rubrique Documents

En tête de la rédaction :
Les poètes ont le droit de mettre les politiciens dans leur bestiaire puisque les politiciens contraignent les poètes à leur société.
Voilà pourquoi nous publions le très libre poème d’Armand Robin qui voit en François Mitterrand « le seul méchant bœuf du Nivernais »
Ce n’est pas ainsi qu’il tombe sous le regard des habitués de la Brasserie Lipp ?
Quant à lui, qui naguère, par le truchement de feu Schueller, et comme directeur du magazine « votre Beauté », n’hésita pas à frayer, non sans profit, avec l’illustre vache de Mon Savon, il ne saurait s’irriter d’être ainsi mis au pâturage, ni, comme on dit, en « prendre son bœuf »

LE SEUL MÉCHANT BŒUF DU NIVERNAIS

I
Je ne veux pas offenser les bœufs du Nivernais,
Bœufs honorables, bœufs honorés, bœufs bien nés ;
A Pougues-les-Eaux, quand j'y ai vécu,
Ils furent ma consolante famille, nul ne l'a su.
Puis la Nièvre est un département charmant ;
Les coteaux y sont comme les vallons, par moments.
Donc je n'encornerai qu'un seul bœuf du Nivernais,
Le seul vilain bœuf qu'on ait vu au Nivernais.

II
- Ce vilain bœuf s'appelait François Mitterrand
Et tous vous diront qu'il avait l'air très méchant.  
C'est qu'il était bœuf et ne savait pas qu'il était bœuf ;
Ce bœuf avait fureur de ne pas être bœuf.
Quand un ami, par exemple un poète, lui disait : « Malheureux
François, vous êtes bœuf ! », il était coléreux.

Il n'aimait pas du tout l'humilité de l'herbe ;
II reprochait à l'herbe de n'être pas superbe,
Les autres bœufs se courbaient vers l'herbe, eux ;
Et l'herbe faisait tout pour les rendre bons herbeux,
Mais lui, je vous l'ai dit, c'était un méchant bœuf ;
Aucune herbe, c'est naturel, n'aimait un tel boeuf.

III
Tout cela sera conté pendant des siècles dans le Nivernais.
D'herbe en herbe, de bœuf à bœuf, de Nivernais à Nivernais.
Mais il n'y a pas que l'histoire du mauvais bœuf 
Avec l'herbe ; il y a l'histoire des filles avec le mauvais bœuf.

IV
Les filles, c'est connu, ne recherchent pas les bœufs ;
Et même, c'est connu, elles ne disent rien aux bœufs.
Mais ce bœuf-là, je vous l'ai dit, ne savait pas qu'il était bœuf ;
Il s'en vint vers les filles sans savoir qu'il était bœuf.
C'est prosaïque à dire ; toute fille fut vache.
L'une d'elles frappa le bœuf à grands coups de cravache,
Lui faisant rare honneur, car les coups de cravache
Sont pour les chevaux ; elle avait, dans sa tâche,
Fait une erreur sur l'animal ; elle aurait dû penser :
« II ne sera jamais cheval, même fouetté ! »

V
Tout cela sera conté pendant des siècles dans le Nivernais,
De vache à vache, de fille à fille, de Nivernais à Nivernais.
O, malheureux François !
Dans les mémoires tu resteras mauvaise herbe !
O malheureux, malheureux François !
Vivre mauvais bœuf et finir mauvaise herbe !
O malheureux, malheureux, malheureux François !


Dimanche 27 avril 1958.
Armand Robin, La Nation Française, 27/04/1958. Le poème est illustré de 3 caricatures de bovins. Il a par ailleurs été largement diffusé par Armand Robin à divers correspondants sous forme de feuilles volantes et sous des versions variées.



 

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