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Armand Robin :

les poèmes satiriques de La Nation Française

1956 - 1959

Le mois de mai de la France 28/05/1958

                  

Rubrique Les Idées

 

Le mois de mai de la France

par Armand Robin

La France a pris pour amusement son « gouvernement » ;

La France mange les premières cerises sans faire de votement ;

Elle mange son gouvernement en cerisement,

Puis une prune, bien petite, en dessert amusant.

 

Que la France est belle en état d'amusement !

 

La France avait le quatorze Juillet ;

Elle aura son mois férié : ce joli mois de mai.

Tous les Français sont en état d'amusement ;

Devant ceux de Paris ils rient, rient, rient, tout le temps.

 

Si peu qu'on se mêle à la population,

On entend : « Est-ce possible, leur déraison ? »

 

Le pauvre, on l'entend dire : « Plus de pommes de terre ?

Eh bien ! nous vivrons sans la pomme de terre ! »

Le plus pauvre, on l'entend dire : — « On me dit : rien à manger !

Eh bien ! je vivrai sans rien manger.

L'essentiel est que je sois Français ! »

 

Dans le plus petit village on est tellement content

Que le plus violent dit bellement :

« Rien leur faire de méchant ! Qu'ils aillent simplement

« Jouer aux billes, dans la poussière, Innocemment,

« SI du moins pour les billes ils sont assez Intelligents ! »

 

Que la France est belle en son état d'amusement !

 

La France avait son quatorze juillet ;

II n'était pas tout beau, ce quatorze juillet :

II y eut, sans poésie, des décapités.

 

La France aura pour mois férié ce joli mois de mai ;

Il n'y aura pas un égratigné. il n'y aura que des poétisés

En baudets — et cela si gentiment fait que les bons baudets

(Je parle des animaux) n'en seront pas offensés.

 

Paris, le 25 mai 1958.

Armand Robin, La Nation Française, 28/05/1958



 

     Poésie personnelle
          Ma Vie Sans moi