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Armand Robin :

les poèmes satiriques de La Nation Française

1956 - 1959

L'histoire du maréchal qui se fit facteur racontée aux enfants mars 1958

                  

 

L'HISTOIRE OU MARÉCHAL QUI SE FIT FACTEUR RACONTÉE AUX ENFANTS TOUT PETITS

 

Il ne s’agit pas, mes enfants, du général Dourakine ;

Il s'agit, mes enfants, du maréchal Boulganine.

 

Vieux mais vif, pour penser il se prit par la barbe

(II avait, mes enfants, son cerveau dans sa barbe ),

 

Dans sa barbe il trouva : « Maréchal, c'est bon, ça ! Mais

Etre facteur est peut-être meilleur, sait-on jamais ? »

 

Inspiré par sa barbe, il écrivait, il écrivait ;

II écrivait d'ailleurs des choses très sensées  ;

 

« Hollandais, disait-il, votre pays est sur la mer ;

«Autrichiens, disait-l, votre pays n'est pas sur la mer.

 

« Suisses, disait-il, votre pays est montagneux ;

« Irlandais, disait-il, votre pays est rocailleux.

 

« Français, disait-il, vous êtes français ;

«Anglais, disait-il, vous êtes anglais.

 

« Afghans, disait-il, vous êtes d'Afghanistan ;  

« Et vous, Pakistanais, vous êtes du Pakistan ! »

 

On voyait s'avancer ses lettres de trente pages ;

Avec vingt post-scripta de chacun quatre pages.

 

Puis suivait une lettre expliquant la lettre,

Disant exactement la même chose que la lettre.

 

Au jour 427 de sa fureur d'être facteur

Lui vint barbe plus barbe en sa barbe en ferveur !

 

« Je vais vous écrire tous les jours la même lettre,

« Pour vous dire : tous les jours, j'écrirai la même lettre.

 

Et il y eut lettre sur lettre, un Hymalaya de lettres !

 Et personne, mes enfants, n'explorait ces lettres !

 

Il écrivit sa lettre 52.380

A celui qu'il titrait : « Très honoré Armand Robin, »

 

Cette fois, ayant lu Sartre, il lui fallut trois cents pages

Pour dire : « Armand Robin, vous fumez des Gauloises ! »

 

Or ces jours-là, Robin était poète uzbek, Répondit : 

« Maréchal, mettez-le en uzbek ! »

 

On vit le Boulganine avec grands coups de bec

Tenter de faire entrer dans sa barbe l'uzbek.

 

Il écrivit, deux ans après, en uzbek, six cents pages

Pour dire : « Armand Robin, vous fumez des Gauloises ! »

 

Or, ces jours-là, Robin était poète ouighour,

Répondit : « Maréchal, mettez-le  en ouighour ! »

 

-  Grand-père, il est mort comment? Ecrivant des lettres ?

Ecrivant à Robin la plus longue de ses lettres ?

 

-  Mes enfants tout petits, il est mort s'écrivant à lui-même une lettre,

Mort au haut de la page 807 de sa dernière lettre.

 

- Grand-père que devient-il depuis sa mort il y a deux siècles ?

 Est-il paisible mort sur la page 807 de sa dernière lettre ?

 

Mes enfants tout petits, il a découvert son enfer :

Un enfer sans un feu pour y jeter ses lettres : son enfer.

 

Mes enfants tout petits, il lit là-bas ses lettres ;

Il  lit ses lettres, lit ses lettres, lit ses lettres, 

 

Il lit ses lettres, lit ses lettres, lit ses lettres,

II lit ses lettres, lit ses lettres, lit ses lettres,

 

Il  lit ses lettres.

 

 

Armand robin, indésirable

 

Ce texte a été diffusé par Armand Robin sous forme de feuille volante et a été publié, non dans La Nation Française, mais dans la NNRF N° 63 de mars 1958, sous forme réduite 28 vers au lieu de 51. Par l'esprit qui l'anime, il mérite sa place au milieu des poèmes satiriques de La Nation Française. 



 

     Poésie personnelle
          Ma Vie Sans moi