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                  avril 1939
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Armand Robin :

La poésie avant et  autour de Ma Vie Sans Moi

Dieu et son maître


                  

Dieu et son maître

 

(Extrait d'un ensemble de poèmes : « Contre Dieu ».)

 

Riant du ciel criard qui grimaçait de haine,

Adam surgit au seuil de la Bible inhumaine :

« Un dieu frissonne en moi derrière mes épaules :

« Si lisse était mon songe entre ces fruits dociles !

« Mais déjà la grandeur de mon mal me console,

« Meure mon dernier pas servile d'immortel ! »

 

 

Sur la terre un troupeau mourant de solitudes

Vint lamper l'ombre humaine à gorgées meurtrières

Une lune à tâtons fuyait de nue en nue,

La blancheur de mourir rongeait les altitudes

Et, seul, régnant sans foi sur le vide avenir,

Un chant d'oiseau stagnant becquetait l'univers.

 

Souffrant bien plus que Dieu n'en avait eu l'espoir

Devant tant d'innocents déchus d'un ciel coupable,

L'homme, déshérité de tout, sauf de ses peines,

Malgré la nuit soumise au bâillement des plaines,

Adopta, consola d'une caresse rustre

L'orpheline création terrestre.

 

La souillure des rocs où Dieu heurta sa gloire,

Il la chassa, les poings fermés sur son travail,

Puis eut avec les vents de merveilleux silences,

Avec eux décida du bercement des fleurs,

De la captivité des aubes dans les ronces

Et de l'impatience immobile des branches.

 

Frêle comme un bonheur qui n'ose revenir,

La Terre fut soudain tendre depuis toujours,

Tout ruisseau reprenait son rire d'herbes franches,

Et dès le second soir, haut sur ses jambes lasses,

Un peu dur et beaucoup de crasse aux plis des doigts,

L'homme cria, tandis que l'air fleurissait d'astres.

 

« Gloire ! je sens pousser mon jardin de souffrances !

« Pour louer un seul jour de nos efforts damnés,

« Pour louer un seul jour de notre pitié,

« Dieu, anges, et vous tous, misérables heureux,

« Même si vous osiez nous demander pardon,

« II ne suffirait plus de votre éternité ! »

 

Dieu, craintif et feignant de ne pouvoir entendre,

Flottait dans les parfums dont le flattaient les anges ;

L'homme entendit le Christ gémir dans l'air futur

Et s'endormit à l'heure où l'âpreté de Dieu,

Audacieuse dans l'ombre offerte aux pas félons,

Accourait le punir d'avoir été si bon.

 

Armand robin.

 




Armand Robin, Revue Charpentes, juillet-août 1939



 

     Poésie personnelle
          Ma Vie Sans moi