- 1961 - |
janvier | NRF
: Le Règne du Coeur, dernier article d'AR : sur
Marie de France. Commande Gallimard, il est destiné au Tableau
de la Littérature Française, oeuvre collective (74
auteurs), Tome 1 de Rutebeuf à Descartes, qui paraîtra en
janvier 1962. Depuis plusieurs mois, AR est malade, gravement malade, au point d'avoir annoncé sa mort prochaine à sa fiancée Monique Dupont qui lui annonce son passage à Paris... et son prochain mariage. Il vaut mieux ne pas nous voir, lui a-t-il écrit dans un billet qui ne lui parviendra jamais. 21 : La Gazette de Lausanne : Pasternak, Leçon d'anglais, traduction + article sur l'écrivain russe, mort en 1960 et dont l'amie Olga Ivinskaya vient d'être arrêtée par les soviétiques. 28 : se fait faire une carte d'identité RTF, valable jusqu'à juin 1961. Sa fonction est "Chroniqueur - sous-direction des relations extérieures". |
février | Malgré la maladie, le Bulletin d'Ecoutes reste bi-hebdomadaire, quoique de pagination réduite. 18 numéros sont parus entre janvier et février. |
mars | 1-2 :
bulletin d'écoutes N° 19 : réduit à 2 pages. AR
remarque que le nom de Kossyguine est mis en avant par les
radios russes : On vient
de voir le nom de Kossyguine, mis en avant bien que
pour un essai d'opération qui reste encore mystérieuse
en grande partie. La formulation est laborieuse,
mais le pronostic est bon: trois ans plus tard le
ministre remplacera Khrouchtchev à la tête de l'Union
Soviétique! 6 : Il est menacé de saisie, et subit un inventaire de ses biens par huissier en présence de sa concierge : il reste en effet 23 traites de 22 000 francs à régler pour l'achat de l'appartement qu'il occupe, rue Fabert. Et AR n'a plus de revenus du fait de son état. 12-15 : parution du dernier Bulletin d'écoutes, numéroté 24. AR y annonce la fin du portage à domicile pour les abonnés de Paris. Ils le recevront donc désormais par la poste comme les autres. Mesure inutile, mais cela révèle que malgré sa maladie AR continuait à distribuer lui-même son bulletin à travers tout Paris ! En fin de mois, à une date non
authentifiée, AR téléphone pour la dernière fois chez
Monique Dupont : c'est son père qui répond. 29 : date officielle du décès d'Armand Robin : seule chose certaine dans un océan de rumeurs. Evidemment impossible de savoir ce qui s'y est passé. Henri Thomas, qui enquête dès l'annonce de la disparition, n'obtiendra qu'une seule réponse "mort subite ou naturelle". On a beaucoup écrit sur les
circonstances de cette mort "naturelle", troublante,
voire suspecte. Pour certains il s'agit des conséquences
de mauvais traitements ou même d'un passage à tabac qui
aurait mal tourné compte tenu de l'état d'extrême
faiblesse du poète. Et Robin devient une victime. Voici le point de vue d'Anne Marie Lilti, universitaire, dans la seule biographie du poète (éd Aden) : Bien sûr, les bruits les plus divers ont couru parmi ceux qui le connaissaient bien. Certains de ses amis ont été convaincus qu’il avait été « passé à tabac » et qu’il était mort des suites de ses blessures. Assassiné, Robin ? Mais on sait qu’il était malade, dénutri et dans un état d’extrême faiblesse. Lui-même annonçait sa mort prochaine depuis plusieurs mois. Henri Thomas, qui mena une enquête jusqu’auprès du préfet de police, ne put en rien éclaircir les circonstances de ce décès. Le doute subsiste toujours et l’on ne saura vraisemblablement jamais de façon certaine les causes de sa mort. 7 ans plus tard, dans son
numéro du 7 mai 1968, Paris-Match, dans un
article non signé (certains croient y deviner la plume
de Maurice Bisiaux), mais fort bien documenté, raconte
la fin d'Armand Robin. On y découvre la mention
officielle des causes de la mort notée sur le registre
et relevée par un témoin : Xavier Grall croit, lui avec Glenmor, très fort à l'assassinat du poète breton dans les geôles de la police française : dans un poème dédié aux poètes de Bretagne, il crie son indignation : en France, c'est sûr, on n'aime les poètes qu'assassinés. Voir le poème entier ici : https://www.armandrobin.org/temgrall.html 31 : pose des scellés sur l'appartement à la demande de la police. Il s'agit d'une procédure normale. On a beaucoup glosé sur la cirrhose du foie d'Armand Robin. Qu'il ait fréquenté les bars de Montparnasse et d'ailleurs, qui le nie ? Plus que de raison, cela reste à prouver, car ce n'était sûrement pas un ivrogne, contrairement à ce qui a parfois pu être dit ou sous-entendu. Il avait en revanche l'ivresse facile, dès la consommation de très peu d'alcool, ce qui peut s'expliquer par sa faiblesse naturelle et son état permanent de fatigue et de dénutrition. Une information fournie par un membre de la famille m'a fait état d'une hématochromatose chez plusieurs sujets de la famille, maladie qui peut être d'origine génétique. Elle se caractérise entre autres par de la fatigue, un appétit d'oiseau, des douleurs notamment articulaires, avec des complications principales : cirrhose du foie, diabète et problèmes cardiaques. Et cela se termine par une vie raccourcie. Troublant ! Pour en savoir plus sur cette maladie : https://www.vulgaris-medical.com/encyclopedie/hemochromatose-2244.html |
avril | La
SPA obtient une levée provisoire des scellés pour
récupérer Goliath. Mais aucune trace de l'animal.
Une demande similaire pour récupérer les manuscrits se
serait soldée par un échec...
5 : Inhumation au cimetière de Thiais, qui accueille traditionnellement les dépouilles des personnes indigentes, isolées et sans ressource de Paris, dans le "jardin de la fraternité". Ce cimetière se singularise aussi par la diversité des cultures et confessions représentées. AR y a été déposé au milieu de ses pairs. En septembre 1966, la famille décide de rapatrier le corps. C'est son neveu, René Jégou, fils d'Elisabeth, soeur d'Armand, chez qui il prenait ses repas de midi lorsqu'il était scolarisé à ND de campostal qui s'est chargé de l'opération. Armand Robin repose aujourd'hui dans la tombe familiale au cimetière de Rostrenen, près de son père et de sa mère. Entre le 15 et le 20 avril : Retour chez Gallimard de son numéro de la NNRF avec la mention "Décédé". Il aura fallu trois semaines pour que sa disparition soit remarquée. Cette année-là, les vacances de Pâques ont commencé le 22 mars et se sont terminées le 7 avril. Durant cette période, le cercle des quelques amis a été dispersé. La vie de solitaire d'AR a fait le reste... La Société des Gens de Lettres solde son compte avec la mention : "décédé le 20.4.61" : solde débiteur = 20,59 NF. L'examen de son compte montre la dramatique diminution de ses droits d'auteurs depuis 1956 : 48323 F ; 3461 ; 1224 ; 7024 ; 3709. En 5 ans, il a donc touché en tout 637,41 NF... 21 - 22 : les journaux parisiens, France-soir notamment, annoncent la disparition du poète, avec des approximations : "l'autopsie a révélé hier qu'il avait succombé à une embolie". Fin du mois : quelques jours avant son mariage, Monique Dupont apprend la mort de son ex fiancé. Cahiers des saisons N° 25 : Le sens par le son ou l'art par l'orme, poème 22 : Gazette de Lausanne : Essénine : Lettre à sa mère, traduction incluse dans un article nécrologique |
mai | 6
: Gazette de Lausanne : traductions
diverses incluses dans un article nécrologique de Philippe
Jaccottet : Ady, le détrousseur de mon destin, un
poème ouighour, un passage du ballet des chats |
juin | Le Monde Libertaire : Ady, le poème du fils du prolétaire, avec un article nécrologique |
juillet | 6
: levée de la saisie, puis vente des biens aux enchères, la
famille ayant récusé l'héritage : des livres, une radio, un
tourne-disque, une machine à écrire, une table, des sièges
et du mobilier courant. Le tout sera vendu pour 740 NF,
chiffre relevé au tribunal d'Instance du VIIe
arrondissement. Les livres sont vendus pour 30 NF. Certains
étaient des dictionnaires extrêmement rares... Mme Lamache
parle d'une vingtaine de milliers de francs (anciens,
naturellement) pour l'ensemble du contenu de l'appartement
emporté par deux étudiants.
Dès lors, l'appartement peut être vidé. Claude Roland-Manuel, qui sait que la concierge sera obligatoirement avertie avant l'arrivée des éboueurs, lui a demandé de le prévenir. 12 : La concierge apprend que ce sera pour le lendemain. Elle se précipite au domicile de G Lambrichs. 13 : Claude Roland-Manuel, Georges Lambrichs et sa femme se présentent en même temps que les déménageurs / éboueurs. Au mur ils voient un grand portrait de Georges Brassens. A la hâte, ils ramassent les papiers qu'ils peuvent et un album contenant des photos de Gwazh-kae, de sa mère et de son père. Le 1er témoigne : "Il y avait dans l'appartement de Robin une montagne de papiers qui semblait monter jusqu'au ciel. Nous avons eu 10 malheureuses minutes [une demi-heure dans un autre de ses témoignages en 1964] pour essayer de sauver quelques manuscrits. Les déménageurs piétinaient tout. Nous sommes repartis avec trois valises. Le reste des inédits de Robin est allé à la décharge publique". Le contenu des 3 valises sera déposé dans les caves de Gallimard. L'appartement sera vendu plus tard. |
août | |
septembre | |
octobre | NRF N° 106 : L'homme sans nouvelle, 1ère publication. |
novembre | |
décembre |