- 1942 - |
janvier | *** sans date :
parution de La Jeune Poésie et ses
harmoniques, anthologie sous la Direction de Albert-Marie Schmidt,
éd, Albin Michel, coll. Saisir, qui contient aussi
des textes de Audiberti, Tardieu, Henri Thomas,
Guillevic... De Robin, on y trouve : Pendant que
l'enfant dort, daté de Noël 1941, deux traductions
de Goethe à paraître dans le volume de la Pléiade, Mahomet
et Chant, une traduction de Lermontov, Le
Démon, et Prière, déjà paru dans Ma
Vie Sans Moi.
*** sans date : visite de Marcel Laurent *** sans date : donne à Jean Paulhan un de ses bulletins d'écoute pour la Résistance. 5 : Achevé d'imprimer du Temps qu'il fait, Imprimerie Moderne à Montrouge, Seine. 19 : Le Temps qu'il
fait, éditions Gallimard, collection
blanche. Dédié à Jacqueline Allan, "créature de poésie",
alias Mme Robin / Dastros. 22 : traduit le premier thème chinois, dédié à Paul Demiéville, professeur de chinois aux langues O "qui m'apprit la langue et surtout l'esprit de la Chine". Le texte sera expédié à Jean Paulhan en septembre 1957 avec la note suivante : j'interdis ce texte à la NNRF, cette revue ayant publié le fasciste Guillevic et le fasciste Clauderoy (sic). Il figurera pourtant dans Poésie non Traduite II . Annonce des traductions de fragments de Tchouang Tseu. 31 : nommé collaborateur technique 2e catégorie au ministère de l'information. |
février | 6 : Comoedia
: témoignage sur la poésie : Je dois avouer que
mes poèmes ont une qualité, une seule : c'est qu'ils
sont poignants ; mais cela je le dois à tant d'autres :
j'ai eu la chance d'être né dans le peuple, d'avoir
entendu de simples gens improviser sans en avoir
conscience des chants épiques authentiques comme du
granit ; il me fut donné de converser longuement avec
les plantes et les bêtes.
28 : Comoedia : Péguy, article critique |
mars | 21 : Comoedia : La garantie mallarméenne, article critique |
avril | Réorganisation au ministère de l'information: Paul Marion est écarté peu à peu tout en restant en titre. Mais c'est Pierre Laval qui dirige en fait directement les différents services, qui sont de plus en plus cloisonnés et imperméables. |
mai | *** Lettre à Drieu
La Rochelle, lui promet "quelque chose pour la revue", mais
pour le moment, travaille le chinois pour son examen.
Voudrait publier les vers de sa femme. La promesse sera Quarante
cris, traduction d'Essénine, à paraître en septembre.
15 : achevé d'imprimer anti-daté du 4e Cahier de l'Ecole de Rochefort, contenant l'oubli des Mots de Jacqueline Allan-Dastros. Mais la sortie en librairie sera effectuée en fait en octobre. D'autres textes de Jacqueline Allan paraîtront dans la NRF, les Cahiers Guy Levis-Mano et La Main à Plume. Ce même cahier annonce des textes d'AR. 25 : Comoedia : Paul Eluard, article de critique |
juin | *** : voyage de
présentation de Jacqueline dans la famille en Bretagne.
17 : lettre à Jean Bouhier, directeur des Cahiers de l'école de Rochefort pour le remercier de son article sur le temps qu'il fait et lui présenter sans lui en donner le nom, un écrivain exceptionnel, sa propre femme ! 29-30 : 1er examen de Chinois (1ère année) ; reçu avec 14/20. |
juillet | *** un
vendredi : Jean Paulhan écrit à Jean Guéhenno :
J'ai à te parler de Robin. 1 : lettre à Jean Bouhier : remerciements pour l'acceptation de L'Oubli des mots et promesse de lui donner quelque chose : ce sera Imrulquais. Beaucoup de travail 12 à 14 H / jour ; "Je crois infiniment à la nécessité de faire le moins de bruit possible, de s'avancer discrètement dans son oeuvre, de travailler en espérant que ce travail n'aboutira que très longtemps après ..." 8 : lettre à JP : doit partir incessamment pour la Bretagne pour y enregistrer une émission de la radio de Vichy; promet son retour pour le 12-14. 21 : remerciements à Jean Bouhier à son retour de Bretagne; ne peut rien lui proposer pour encore : trop de travail (16h / jour) : "je ne m'en plains pas; au contraire; dans une telle prison de travail accepté avec joie, les poèmes soudain montent plus fort". |
août | *** Lettre
à mon père, poème qui paraîtra en décembre
dans l'anthologie La Jeune Poésie, collection
Comoedia-Charpentier. Pas de vacances cette année : sa présence serait jugée indispensable au ministère, ce qui amènera le texte Vacances dans Comoedia, puis, remanié, dans La Fausse Parole. 17 : Comoedia : Léon-Paul Fargue, article critique 25 : Comoedia : Paul Claudel, article de critique |
septembre | 1 : nrf
: Essénine Quarante cris, traduction,
reprise in Quatre poètes russes (1949)
sous le titre De profundis quarante fois.
12 : Comoedia : Vacances, article qui, remanié, figurera plus tard dans La Fausse Parole 14 : Lettre de
Jean Paulhan à Jean Guéhenno : Tant que notre ami
Armand se bornait à assommer sa belle-mère (j'ai vu la
pauvre dame avec la figure enflée) et à dormir trois
nuis de suite dans la rue devant sa porte (au scandale
de sa concierge) tout allait bien, à peu près. Il a fait
beaucoup plus grave et j'ai de sérieuses raisons d'être
inquiet. Surmené peut-être. Le lendemain Guéhenno exprime son inquiétude. |
octobre | 1 : lettre
à JP : a remis à Gaston Gallimard un 1er poème traduit
d'Imrulqais; sollicite une aide pour l'achat du dictionnaire
de chinois du père jésuite Sérafin Couvreur, qui vaut 350 F.
*** : 2 :(date peu sûre) : se trouve en Bretagne, seul dans sa famille. Il écrit à Jean Paulhan une longue lettre où il fait le point de sa situation matrimoniale.... désastreuse. Jacqueline est jugée par la famille dépensière, orgueilleuse, insignifiante et surtout malhonnête : demande de colis alimentaires dont AR ne voyait jamais la trace. La belle famille a également poussé AR à collaborer à des journaux notoirement collaborationnistes ( "La gerbe" et "Le fait") pour gagner toujours plus d'argent. AR a toujours refusé mais il s'en est suivi des tensions exacerbées par le refus de Drieu de publier Jacqueline dans la nrf. Il avoue spontanément avoir giflé légèrement sa femme. Par ailleurs il a appris que le mariage avait pour seul but de l'amener à nourrir la belle famille. Il estime aussi n'avoir pas eu le temps et la tranquillité d'esprit nécessaire pour écrire son oeuvre : ainsi le Temps qu'il Fait a été écrit essentiellement la nuit. En conséquence AR décide de déménager dès son retour à Paris et donne son adresse au ministère pour la correspondance : une séparation est donc envisagée, et l'attitude d'Eluard (témoin de Jacqueline au mariage civil) commence à agacer. 5 : visite à Jean Paulhan à la nrf 6 : lettre à Marcel Laurent : annonce un entretien accordé au Figaro Littéraire et qui paraîtra le 3 novembre. La photo annoncée n'y figure pas ! Il présente aussi ses amis : Paulhan, Guéhenno, Valéry, Drieu, "esprit très large et le plus tolérant des hommes". *** : bleu à Jean Paulhan : "mardi matin" (sans doute 6 ou 13 octobre) : a écrit à sa famille pour les tranquilliser sur sa situation ; a réglé son problème avec sa femme "J[acqueline] est de plus en plus tout ce que j'aime"; veut déchirer sa lettre du 2 octobre; va renoncer au journalisme alimentaire pour se consacrer à son oeuvre : "je sens que j'ai trop fait de choses pour de l'argent pour être poète encore". 13 : lettre à Jean Bouhier : a été chez l'imprimeur Debresse chercher les 100 exemplaires du cahier de l'école de Rochefort consacré à Jacqueline. Satisfactions et remerciements. Ne peut lui envoyer un exemplaire du Temps qu'il fait car il est épuisé. 14 : lettre à Jean Paulhan sur papier de la Présidence du Conseil : transmet sa traduction de Pasternak. A réglé son problème relationnel avec sa belle famille : elle ne s'occupe plus de leur couple, et depuis, avec Jacqueline, "c'est une nouvelle vie". 30 : Comoedia : James Joyce |
novembre | 3 :
entretien donné au Figaro sur le
temps qu'il fait et le don des langues
étrangères: annonce un recueil de traductions d'écrivains :
allemands, anglais, russes, arabes et justifie son
renoncement à son expression personnelle : "Ecrire, est-ce
le plus urgent? Ce besoin de vivre dans l'universel
m'entraîne à considérer actuellement l'étude comme passant
bien avant la création personnelle. Je pense
aussi qu'une oeuvre gagne à être maintenue à l'écart le
plus longtemps possible par son auteur et qu'elle doit
jaillir de lui presque à son corps défendant, presque
comme un défi à sa volonté ". Armand Robin
- qui est en train de l'écrire - aurait-il pressenti le
devenir de l'oeuvre qui allait devenir le Monde
d'une Voix / Fragments ?
*** Inscription aux langues O en arabe littéral. 27 : Guéhenno demande à Paulhan de lui envoyer la
traduction du Goethe d'AR. |
décembre | 1 : nrf :
Boris Pasternak, Triptyque de la plus belle, traduction
2 : Achevé d'imprimer du Temps qu'il fait, 2e édition, reproduction à l'identique. 6 : lettre à Drieu : lui envoie un article consacré à Pasternak et Essénine : "je crois que la censure n'aura pas grand chose à y trouver" Il s'agit sans doute de l'article à paraître dans le numéro 348 de février de la nrf. Panorama de la jeune poésie française, présentation et choix de René Bertelé : AR y publie 3 poèmes de Ma vie sans moi (Offrandes, Le portefaix des eaux, Travail de joie) et un extrait du Temps qu'il fait (Ce que dit Treithir). 30 : Agenda Jean Follain : Dîner chez
Drieu La Rochelle : Armand Robin : énigmatique. Il
saurait, dit-il, toutes les langues : il en est à sa
troisième année de chinois. Il donne des leçons de grec
à Drieu et à une jeune fille, en leur projetant un jour
un film sur sa famille. Professeur à Versailles. Quoique
peu argenté, il avait la meilleure radio qui soit et une
motocyclette. 31 : lettre de voeux à JP: "grâce aux Russes, il est permis de souhaiter une bonne année 1943". Tout va pour le mieux dans son ménage depuis qu'il a "cessé de vivre avec 10 personnes" *** : 3 lettres à JP: annonce des traductions de Tchouang Tseu et Lao Tseu (mais demande du temps d'étude du chinois), Goethe (Le Divan) et des traductions du russe. Transmet son bulletin d'information : "ne le montrez qu'à des gens sûrs". Séjour dans la Nièvre auprès de Jacqueline. *** : Goethe, théâtre complet, la Pléiade : 3
pièces en un acte : Mahomet, Satyros, Les dieux, les
héros et Wieland, traductions. Monologue
de Mahomet et Chant paraissent aussi dans
La jeune Poésie et ses Harmoniques, 1942, ainsi que
Le démon de Lermontov (traductions). *** : Mme Robin, née Jacqueline Dastros, "a abandonné" définitivement le domicile conjugal au cours de l'année 1942 d'après le jugement de divorce à venir. En fait c'est son mari qui déménage au 50 rue Falguière, sous les toits. Quoique avalisée par le tribunal, la date est incertaine. Ce sera peut-être en 1943. *** Entre août et décembre : Parution de La Jeune Poésie, collection Comoedia-Charpentier, éditions Les Publications techniques, chez Charpentier : le volume contient 3 poèmes d'AR : Lettre à mon père (daté d'août 1942), le traducteur et Dieu. On y trouve aussi le seul portrait retrouvé de Robin au crayon : il y figure aux côtés notamment d'Eugène Guillevic et Jacques Audiberti. |
Dernière révision 10/05/2020