- 1933 - |
janvier | AR
poursuit ses études universitaires à Lyon, où il fait la
connaissance de Marcel Laurent. Il commence aussitôt des
études de Polonais et de Russe, et sans doute aussi
d'Allemand. Il est boursier à 500f/mois, somme allouée sur
10 mois. 11 : lettre à Alain Bourdon: veut faire un stage pédagogique de 6 semaines nécessaire pour le DES; passer ce DES; se faire ajourner au conseil de révision et préparer un voyage en URSS. |
février | 1er
: lettre à Jean Guéhenno : annonce un séjour d'un mois en
Allemagne à Pâques, ne pouvant retourner chez son père. ajourné au service militaire pour la 2e fois. |
mars | |
avril | 6 : Lettre à Francis Berthou, condisciple de Campostal : AR se trouve à Saig en Allemagne depuis une semaine, où il est témoin des premières manifestations nazies. Le séjour durera jusqu'au 20 avril. |
mai | |
juin | 3
: obtient son DES : Sujet du mémoire : le pastiche mimétique dans La Légende des siècles sous la direction d'Albert Pauphilet Texte grec : Le banquet de Platon (Robert Flacelière) Texte latin: l'Héautontimoroumenos de Térence (allusion sans doute à sa situation personnelle face à son père... qui l'aurait chassé.) (Charles (?) Yon) Texte français: La Légende des Siècles (Albert Pauphilet) Matière à option: paléographie (Albert Pauphilet) 15 : admis au certificat de grammaire et philologie: voici donc AR licencié es lettres et même Diplômé de l'Enseignement Supérieur. Appréciations de ses professeurs à l'issue de l'année scolaire 32-33: "De l'intelligence et de la curiosité d'esprit", d'après Humbert; "a obtenu sans difficultés son Diplôme d'études supérieures" d'après Delapart, ce qui ne manque pas de sel quand on sait qu'AR a dû recourir à "un coup de force" pour obliger la faculté à accepter le principe de passer la même année le dernier certficat de licence et le DES ! |
été | *** AR a obtenu sur concours une bourse du gouvernement polonais pour un voyage en Pologne. Il en profite pour passer en URSS, sans doute Ukraine, Volga, Kazan, Moscou et retour par les Pays Baltes. |
septembre | 9
: AR est à Moscou à l'hôtel Novo Moskovskaya (hôtel Nouvelle
Moscou), rue Moskovskaya, l'un des grands hôtels gérés par
l'agence Intourist " à des conditions avantageuses... mais
je me suis toujours promené sans guide officiel" ; il
continue sur une carte postale à son ami Jacques Permezel de
Lyon: "Tu sais à quel point j'étais
disposé à juger favorablement l'URSS; mais la réalité
dépasse et de très loin toutes mes espérances: c'est non
pas seulement de nouvelles usines, de nouvelles maisons
(tous les 50m à Moscou l'on construit de formidables
édifices que j'ai devant les yeux, mais encore une
nouvelle humanité, jeune, énergique, résistante aux pires
souffrances et enfin débarrassée de cet antagonisme de
classe qui rend la vie infernale ailleurs. [ ... ]
réellement c'est bien ici notre patrie à tous. J'ai la
sensation de vivre parmi les paysans de chez moi, mais des
paysans débarrassés de la servilité et de l'ignorance."...
Une carte postale au boulanger de Rostrenen témoigne du même
enthousiasme, puisqu'il lui écrit qu'il se trouve dans "le
pays où le peuple est roi". Le voyage n'est pas fini... A son retour il se montre fort peu prolixe, lâchant à un ami insistant un laconique: "tout n'est pas parfait". Il lui faudra 2 ans avant de pouvoir écrire ce qu'il a réellement vu: "Ce que tu as vu, c'est la famine, ce sont des paysans qui depuis 18 mois n'ont jamais mangé ni viande, ni pain; ce que tu as vu, c'est un peuple à bout de souffle, un peuple mort ; souviens-toi de ces visages d'affamés, de ces regards éteints; ce que tu as vu, ce sont des hommes qui à force de souffrir bêtement ont perdu jusqu'au sentiment de la souffrance, le plus précieux de tous. Ce que tu as vu ce sont des consciences traquées, des âmes sans espoir, épouvantées des horreurs qu'elles ont traversées; ce que tu as vu, c'est une jeunesse abrutie, persuadée que les Soviets ont inventé l'électricité et de bien autres choses. Ce que tu as entendu, c'est: presque le tiers de la population mort de faim en Ukraine dans l'hiver 1931-1932; des villages cernés et bombardés; la famine sur les bords de la Volga, le brigandage dans la région de Kazan; l'épidémie de typhus, crainte partout et faisant d'innombrables victimes, mais tue par ordre du gouvernement; les paysans morts dans les rues de Kiev et de Moscou qu'ils avaient envahis, etc... Ce que tu as aperçu ce fut un cauchemar, ce fut un monde dans lequel tout sens de la dignité humaine est mort, traqué". Lettre à Jean Guéhenno 18/7/1935 |
octobre | Lettre sur son séjour en URSS aux parents de Marcel Laurent, condisciple de Lyon, auteur de "Armand Robin et la poésie poignante", à compte d'auteur, 1980, épuisé. |
novembre | 3 :
inscription à la fac de lettres de Lyon pour préparer
l'agrégation. Son domicile a changé: il habite désormais
33 quai Gailleton, à proximité de la rue Laurencin et donc
de la faculté des lettres. suit des cours d'Italien (cours du soir - hors université) 28 : décès au bourg de Plouguernével de Marie Rose Goubin // Goupil // Goubil, mère d'Armand Robin. Les trois graphies (avec signatures différentes, parfois raturées) existent sur des actes différents d'état civil. |
décembre | 3
: lettre à Jean Guéhenno : "ma pauvre
mère est morte : sa mort fut plus heureuse que sa vie, qui
n'en fut pas une, mais plutôt une souffrance perpétuelle
une suite poignante de mauvais traitements
journaliers ; elle vécut comme l'ombre d'une
personne, sans avoir jamais pu parvenir à la dignité d'un
être; elle vécut dans une sujétion et dans une peur
perpétuelle, n'osant exprimer la moindre volonté, car la
moindre volonté était punie. Que de fois celui que la loi
m'oblige d'appeler mon père lui a souhaité qu'elle
disparaisse ; que de fois elle-même a désiré cette
tranquillité, qu'aucune méchanceté humaine ne pourra
jamais troubler ! |
index éphéméride
*** Les événements ainsi marqués, quoique authentiques, ne peuvent
être datés de manière très précise. Ils figurent en tête de
l'année ou du mois.