Avant
1912
Les grands-parents paternels et maternels d'Armand Robin sont issus de 2 familles de "laboureurs" très proches, vivant dans le même village de Gouezeliou (Goaszeliou) en Plounevez-Quintin dans les Côtes d'Armor. Plus tard Armand habitera aussi à Plounevez-Quintin, et viendra y passer des vacances. A proximité immédiate du village, juste de l'autre côté du Blavet, se trouve le Bois de Kerlévenez, qui sera le nom de la ferme dans Le Temps qu'il Fait, la ferme du Bonheur... |
- 1912 à 1928 - |
19 janvier 1912 | Naissance à 10 h du soir de Vincent
Armand Marie Robin à Kerfloc'h en Plouguernével,
Côtes-du-Nord. Il neige... Son père, François Marie,
(1867-1948), cultivateur, a 44 ans; sa mère, ménagère,
est Marie Rose Goubin, (1873- 1933), elle a 39 ans. Le jeune
Vincent - qu'on appellera en fait Armand - est et
restera le 8e et dernier enfant du couple. Huit personnes
occupent donc leur petite maison en pierre à 2 niveaux
: au rez-de-chaussée les bêtes, la maisonnée à
l'étage. Ci-dessous l'arbre généalogique d'Armand
Robin: |
22 janvier 1912 | Déclaration en mairie et baptême à l'église paroissiale. Son parrain est Vincent Robin et sa marraine Valentine Jouanny. A noter que sur le registre des baptêmes, la date de naissance est "la veille", soit le 21 janvier. Sur le registre d'état civil, la date du 21 a également été rectifiée en 19. |
1914 | D'après le prière d'insérer de Ma Vie sans Moi, rédigé par Jean Paulhan, AR aurait reçu un coup de pied sur la tête venant de son cheval favori. |
1916 |
La famille est endeuillée par le décès brutal
de Jean François, 20 ans, soldat d'infanterie, "mort au
champ d'honneur à Reims le 2 septembre" |
septembre 1917 | Déménagement de la famille Robin de Plouguernével au Oasquer [orthographes diverses, Oasker, Ouisquie, Gwazh Kae... aujourd'hui Le Goasquaich sur les cartes de l'IGN] dans une ferme nettement plus grande : 38 ha de terres et prés et 12 ha de bois. Le village, tout proche de Rostrenen, faisait alors partie de Glomel. C'est son paysage que l'on retrouvera dans Le Temps qu'il fait. |
septembre ou octobre 1918 | Entrée à l'école publique de Rostrenen, où Armand aurait été conduit le 1er jour à travers champs par un voisin plus grand, Jouan. Reconnaissant de l'avoir conduit au lieu d'apprentissage du français, il lui donnera un rôle dans Le Temps qu'il fait. Le directeur de l'école était alors monsieur Clair. Comme plusieurs de ses petits camarades, AR ne parle que le breton. |
septembre ou octobre 1922 | AR entre en 7e à Notre Dame de
Campostal, école privée de Rostrenen. C'est sans doute le
curé de la paroisse qui a servi d'intermédiaire: "On en fera
un évêque", aurait-il dit à la mère. L'enfant aurait d'abord
été mis en observation en 8e. Le supérieur est le chanoine
Toussaint Le Calvez. A la fin du 1er trimestre, c'est son camarade Francis Berthou qui remporte la palme, suivi de près par Armand. Une fois la période d'adaptation terminée, c'est désormais AR qui termine 1er aux 2e et 3e trimestres, place qu'il occupera définitivement.
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septembre ou octobre 1923 | AR entre en 6e à Campostal comme "externe surveillé": il reste donc à l'étude du soir. Il habite Oisquay (sic... ) en Glomel. |
20 juin 1924 | C'est jour de Confirmation à Rostrenen, sacrement dûment administré par l'évêque du diocèse. Ce même mois AR a dû faire sa communion solennelle. |
septembre 1924 | La famille déménage à nouveau
pour Kergroas en Plounevez-Quintin, à proximité du bourg et
du berceau de la branche paternelle. Oisquay est laissé à
Hippolyte, le frère aîné d'Armand. Armand s'y sentira
toujours chez lui, Hippolyte étant le seul de ses frères à
le comprendre.
Rentrée en 5e à Campostal, toujours comme externe surveillé. A midi, Armand déjeune chez sa soeur, Mme Huitol, commerçante en mercerie à proximité de l'école. Le soir il rentre plutôt à Oisquay qu'à Plounevez-Quintin. |
juin 1925 | Le palmarès de la classe de 5e
est éloquent: 1er prix en : Devoirs de vacances, tableau
d'honneur, instruction religieuse, grammaire,
zoologie-botanique, orthographe et analyse, narration
française, thème latin, version latine, anglais, examens
trimestriels. Il est 2e en exercices grecs, et seulement 1er
accessit (3e place) en arithmétique
Naturellement il est prix d'excellence, obtenant 21 premières places et 2 secondes; l'élève classé 2e n'obtient que 3 premières places et 7 secondes. |
5 octobre 1925 | rentrée en 4e |
15 juin 1926 | version anglaise: un dîner japonais, tiré du livre de lady Anna Brassey, le tour du monde en famille, 1891 (éd française): 1ère traduction d'Armand Robin qui nous soit parvenue. |
été 1926 | Naturellement AR est admis en
classe supérieure, mais en fait il va sauter la 3e... et se
retrouver directement en 2e ! Le professeur titulaire de la classe de 3e était M Ollivier, professeur de mathématiques, très redouté des élèves. Lorsqu'un élève ne suivait pas ses démonstrations, il lui déclarait du haut de ses 100 kg pour 1,88 m : "Attention ! vous allez voir mes cinq doigts sur la figure!" Il l'était particulièrement d'Armand Robin, qui le détestait car il cherchait toujours à le rabaisser. Francis Berthou, son ami, confident et concurrent pour les 1ères places, y voit une des raisons qui ont pu lui faire prendre cette décision. Son camarade et futur curé, Auguste Fercoq, pense de même. Mais c'est surtout évidemment son niveau de connaissances et ses facilités à apprendre qui pouvaient le justifier. Pour mener l'opération à bien, Armand suit quelques cours de vacances, notamment en grec. |
septembre - octobre 1926 | AR entre en.... seconde à
Campostal. Il vient donc de sauter allégrement la 3e !
Quelques semaines d'adaptation, et il se retrouve à nouveau
en tête de classe ! Il est toujours étiqueté externe
surveillé, et domicilié à Plounevez-Quintin. Les témoignages des curés de Campostal voient après coup un changement dans l'attitude d'AR, plus vindicatif, plus contestataire, développant un "mauvais esprit". Mais peut-être cherchent-ils à justifier la future exclusion de l'élève car les autres témoignages des camarades ne classe n'ont rien remarqué. |
septembre - octobre 1927 | AR entre en classe de 1ère, dite
aussi classe de rhétorique, avec la perspective de passer
son 1er bac à la fin de l'année. 12 élèves composent la
classe. Une surprise attend les élèves de Campostal: le chanoine Toussaint Le Calvez, supérieur historique de l'établissement, a laissé sa place au chanoine Jean Augel, qui y règnera jusqu'en 1935. Objectif du nouveau : asseoir son autorité. Le professeur de français d'Armand est l'emblématique chanoine Keranflech. |
février - mars - avril 1928 | *** date assez imprécise : la fin
de 2e trimestre ou le début du 3e trimestre est la plus
communément admise pour l'événement capital dans la vie
d'Armand: il est renvoyé de Campostal et va devoir préparer
le bac en solitaire. Comment en est-on arrivé là ? Sous le règne de Toussaint Le Calvez, AR bénéficiait d'un régime de liberté assez particulier : lectures (y compris interdites car à l'index), emploi du temps, sorties... Pendant les temps d'études, comme il avait fini en 20 mn la version latine que d'autres mettraient 3 h à composer, il lui restait du temps pour ... composer et faire circuler des poèmes sans doute un peu trop critiques. Il arrivait que le surveillant y mette le hola ! C'est peut-être ce qui a contribué à le faire surnommer Voltaire car il avait aussi des idées bien arrêtées et savait les exprimer. Prévenu, le supérieur l'a admonesté publiquement, un dimanche, de surcroît : "Armand Robin, vous finirez aux galères !" Mais ce n'est pas ce qui a motivé son renvoi... Le nouveau supérieur voyait sans doute une limite insupportable à son autorité dans l'attitude globale d'AR. Un libelle aurait même circulé contre lui. D'autres parlent d'inscriptions sur les tableaux noirs ou sur les murs, et notamment du fameux ABLC ( A Bas La Calotte), que l'on trouvait assez régulièrement en fin de discours des politiques (1905 et La Terre des prêtres, 1924, sont dans toutes les mémoires notamment dans cette région que les historiens nomment la Bretagne Rouge), sur les murs, y compris ceux des institutions religieuses. Le supérieur y a vu la marque de notre Voltaire, et décide de sévir en l'accusant en public à la sortie du réfectoire. Robin - qui est innocent (cette fois) - réplique : il est immédiatement exclu. Cela ne l'empêchera pas de figurer sur la photo de classe, prise le 17 juin d'après un camarade. Ce qui est sûr c'est qu'AR a bien fait le 2e trimestre à Campostal. On a effet retrouvé chez son frère Hippolyte un carnet autographe intitulé "Places des Compositions" pour le 2e trimestre. AR y est 1er en littérature française (18), histoire moderne (16), dissertation française (12), critique littéraire (13,5), version grecque (13), thème grec (10), thème latin (9), algèbre, instruction religieuse, version anglaise (14), examen trimestriel (15); il est 4e en version latine (10), 3e en thème anglais (10), histoire ancienne (14,5) et géométrie, seule matière pour laquelle il ne reproduit pas les notes... |
28 juin 1928 | Ecrit du 1er bac. 21/40 en composition française; 20/40 en version latine: "le savoir se dissimule souvent sous des dehors modestes"; 19/40 en version grecque: "la capitulation d'Athènes en 404 av JC". |
13 juillet 1928 | 8h - 10h30: oral du bac à Rennes.
Les résultats sont publiés à 11h: Armand Robin est reçu avec
mention Assez Bien avec un total de 181 points. Malgré son
renvoi, il sera d'ailleurs le seul reçu de Campostal. Explication grecque: 16/20: Xénophon Anabase II,6 Explication latine: 15/20: Cicéron Pro Archia I Explication française: 13/20: La Bruyère Anglais: 22/40 Histoire ancienne: 15/20 : Annibal Histoire moderne: 15/20: Dupleix l'Inde Géographie: 11/20: Madagascar Mathématiques : (a+b)2 - sécantes à un cercle : 14/20 |
17 juillet 1928 | 1ère lettre autographe, adressée de Rostrenen à son parrain. Il y raconte son premier bac. |
Juillet - août - septembre 1928 | AR se débrouille pour obtenir une bourse afin de faire sa rentrée en terminale dans l'enseignement public. A cette fin, il a longuement discuté avec un futur condisciple, Louis Rabardel, rencontré à Rennes pendant les épreuves du bac. |
septembre - octobre 1928 | AR fait sa rentrée comme interne boursier au lycée public de Saint-Brieuc en classe de philosophie, où il a comme professeur Raymond Ruyer. Il y retrouve Louis Rabardel. Il y suit des cours supplémentaires en latin et grec. |
index éphéméride
*** Les événements ainsi marqués, quoique authentiques, ne peuvent
être datés de manière très précise. Ils figurent en tête de
l'année ou du mois.