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Ma vie sans moi
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Armand Robin : la poésie

 avant et autour de Ma Vie Sans Moi 

Airs de ronde pour lutins      Esprit janvier 1940

                  


AIRS DE RONDE POUR LUTINS               

 

Pour prendre un souvenir sur terre, - ce fut dans le très vieux temps, ­

Je pris gîte sur cette route et j 'y guettai  tous les passants.

 

Le premier siècle je fus bruyère, ajonc, genêt, églantier blanc,

Ce fut au siècle où je fus saule que je vis celle que j'aime tant.

 

Dans ses regards bougeait clarté pour cent fontaines de printemps

Et dans ses mains grâce plus frêle qu'en feuilles de trèfles d'étang.

 

C'était par bon soleil de Pâques; j'étais moi-même tintillonnant !

Tintillonnez, siècles passés! Depuis j'ai mal plus qu'un dément.

 

« De Plounévez à Haut-Corlay j'ai pendant quatre lieues pleuré !

« Mon Dieu, ayez pitié, aidez le fiancé qui m'a trom­pée ! »

 

- « Regarde, amie, Pâques fleurit et je suis là pour vous fêter!

- « Dieu, comme il fait beau jour de fête, beau jour de fête pour pleurer ! »

 

-« C'est vous que j'aime, lui murmurais-je avec ma voix de prés, de haies !

« Partout où l'herbe peut parler je serai là pour vous aider ! »

 

-« Toute ma vie j'en souffrirai ! Toute ma vie je sourirai

« Et prierai pour que soit gai le fiancé qui m'a blessée.»

 

Elle partit en souriant! Tintillonnez, siècles passés !

Je la revis toujours priant ! Tourne, tourne, tournez, années !

Je l’ai aimée douze cents ans ! Bien plus longtemps je souffrirai

Ce n’est qu’ au siècle où je fus vent que j'eus bien peur de l'oublier !

 

Contre mon pauvre souvenir

Je voudrais quatre rubans roses

Pour conduire l'aurore aux fées

Et dès minuit quarante roses

Pour loger toute la rosée.

 

Et je voudrais cent mille images,

Des mots pour aubes sans espoir

Et ces légendes pour dieux sages

Que les grands vents mêlent le soir

Aux lais des landes sans village.

 

A la suite de qui j'aime je devins fou, il y a longtemps

Au bord d'une fontaine vous me trouverez chantant.

 

M'apportez-vous message d'Elle, aubépines de ce printemps ?

En quel pays parmi les mortes souffre celle que j'aime tant ?

 

Dans ce dernier de tous mes siècles je peine avec les paysans :

Doux bûcheron du clair de lune, j'entasse des copeaux d'argent,

 

Sans espoir j'en fais des clairières. Je ne dois plus dorénavant

Saisir un souvenir sur terre. Pour m'égayer j'ai fait ce chant.


 

Armand Robin, Esprit, janvier 1940. Ce sera la dernière collaboration d'Armand Robin à la revue Esprit avant 1952

 

     Poésie personnelle
          Ma Vie Sans moi