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Armand Robin
1912 - 1961 : éphéméride

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- 1944  -

janvier 23 : Lettre à la Revue Confluences (sans doute à son directeur René Tavernier), pour demander à être attaqué dans la revue dont il juge les tendances réactionnaires et bourgeoises. La missive se termine par : Vive Lénine ! A bas toutes les patries ! Vive l'internationalisme prolétarien !
février 15 : Cinq Célébrations radiophoniques, texte de l'émission de radio de Pâques, Fête de la Joie, avec des textes d'André Fraigneau, Armand Robin et Maurice Audin.  Il s'agit d'une suite des 5 textes écrits à la demande du Commissariat Général à la Jeunesse pour célébrer les 5  fêtes principales de l'année 1943 sur les ondes de la radiodiffusion nationale : saint Louis, Jeanne d'Arc, Pâques, Toussaint, Noël. Les musiques des émissions étaient composées par Henri Sauguet et César Geoffray.
mars 25 : lettre à Jean Bouhier. S'excuse de ne pouvoir sérieusement intervenir auprès de ... Gallimard, où il fait dissident,   mais promet d'essayer du côté de Raymond Queneau. AR y confirme ses traductions de chinois et de poèmes hongrois (Ady), qu'il a promis à Gallimard.

28 : rencontre avec Raymond Queneau

avril 29 : lettre à Jean Paulhan, la 1ère depuis le 8 novembre 1943, pas d'en-tête : confirme avoir envoyé des poèmes d'Ady à Gallimard, et demande à être attaqué dans toutes les revues fascistes : Poésie 44, Confluences, Les Cahiers du Rhône et Les Lettres Françaises.
La lettre se termine par le Post Scriptum suivant : Un moment de sincérité : je suis arrivé à un stade tel que je ne veux plus avoir d'ami : j'ai besoin d'être haï, j'ai besoin d'être torturé et désespéré davantage. L'absence quasi totale de courrier pour cette période le confirme. A la lettre est joint un billet : ce sera 1500 f par mois pour Artaud. AR participe ainsi par l'intermédiaire de Jean Paulhan à la souscription en faveur d'Antonin Artaud alors interné en hôpital psychiatrique à Rodez dans le dénuement le plus total. Désormais ses missives contiendront les billets.
mai *** : Reprise du bulletin d'écoutes des Radios (BE ou BER) à titre personnel, d'après le témoignage d'Albert Camus. Mais peut-être avait-il été repris dès avril. Robin parle en effet d'une interruption de seulement 8 mois. Il semble que ce soit une demande de l'AID (Agence d'Information et de Documentation) créée clandestinement en zone occupée en 1944. (De la fusion de diverses agences d'information clandestines durant la guerre, dont l'AID, naîtra l'AFP). Ses premiers bénéficiaires sont Combat et L'Humanité, sans doute à titre gratuit. La parution semble quotidienne au début et l'abonnement coûte 3000 frs/mois: en décembre 1944, il estimera les revenus qu'il en tire à 30 000 francs/mois. Il considère bien gagner sa vie, mais au prix d'un labeur acharné car il fait tout : écoutes, rédaction, frappe à la machine, tirage à la ronéo; plus tard il fera aussi la distribution (postale ou directement dans les boîtes à lettres ou bureaux). Pour ceux qui suspectent  encore AR de collaboration active, on voit mal ces 3 organismes (et les gens qu'ils représentent) confier leur information à un collabo !

4 : Festival poétique en l'honneur du 25e anniversaire de la mort d'André Ady, à l'invitation de l'Institut Hongrois de Paris. Invité, - son nom figure sur le programme en tant que traducteur - , AR s'y rend ... en smoking ! Récit de la soirée par un témoin attentif : Dans la salle remue à peine un petit homme chétif, ramassé sur lui-même et qui passerait inaperçu sans son aspect saugrenu. Il est là, vêtu d'un smoking, sagement assis, anonyme; mais des manches de sa veste dépassent deux grosses mains rustiques que de temps en temps il agite sur ses genoux : c'est Armand Robin, le traducteur d'Ady, son frère spirituel: c'est Ady, c'est de lui qu'on vient d'entendre de bouleversants poèmes. [...]
Mais quand tout fut terminé, sans autrement se manifester, sans bruit, sans parler, Armand Robin est reparti, frileusement est rentré chez lui, vaillamment est retourné à son métier. 
Alain Bourdon, Armand Robin multiple et un, automne 1979, Plein Chant.

juin 28 : assassinat de Philippe Henriot au ministère de l'information par Charles Gonard, dit Morlot, du COMAC, mouvement de résistance.
juillet *** : Fin juin ou début juillet : Altercation dans un bar de Montparnasse : AR est accusé de l'assassinat d'Henriot !
Un certain soir de juillet 1944, envie me prit d'aller boire un verre dans un bar de Montparnasse; je dois avoir un tête suspecte à tous les régimes car je fus environné dès mon entrée de drôles de gens (je sus plus tard qu'il s'agissait de la gestapo française), qui pointant stupidement sur moi un revolver, me crièrent : « C'est toi qui as assassiné Philippe Henriot ! » Bizarre idée : je n'aurais certainement pas assassiné cet excellent orateur qui exprimait avec talent toutes les idées que je jugeais et juge exécrables pas plus que maintenant je ne songe à assassiner son successeur en talentueux mensonges, Pierre Hervé. Je répondis à ces curieux individus : Eh! bien! oui! J'ai assassiné Philippe Henriot, et même ça m'a donné chaud, j'ai besoin de boire un verre ! » Chose étrange ! Ces messieurs de revolver cessèrent immédiatement à croire en ma culpabilité: les policiers sont gens de peu de foi. Lettre de type indésirable en date du 7 juillet 1946 : envoi des poèmes d'Ady aux membres du Comité National des Ecrivains.
août 25 : les premiers chars de la 2e DB entrent dans Paris.

Le cabinet particulier de De Gaulle s'abonne au BE. On raconte qu'un motocycliste vient tous les matins le chercher au domicile de Robin et qu'il y croise celui de L'Huma !!!

septembre  1 : AR admis officiellement à cesser ses fonctions au Ministère de l'Information. Mais il ne l'apprendra que par arrêté du 30 novembre.

 8 : lettre à Jean Paulhan, sans doute occasionnée par la souscription Artaud : refus de reprendre le dialogue avec quelqu'un qui dit du mal des autres et a répété des calomnies absurdes. Persiste à demander  à être attaqué dans les journaux et revues.
Le plus intéressant est sans doute ce qui est nettement barré en fin de lettre : mais je vous pardonne bien volontiers de ... Le dernier mot barré est illisible, tout au plus peut-on en deviner la fin :  -voir.

*** Jean Paulhan transmet à Jean Guéhenno  une lettre de Robin contenant ces mots : j'espère que vous n'hésiterez pas à me faire attaquer... A cette seule condition, nous pourrons redevenir amis. Il y en aura d'autres du même tonneau.

*** Réponse de Jean Guéhenno quelques jours plus tard : Je te renvoie la lettre de Robin. Il est clair qu'il est tout à fait fou. Pourtant, l'autre jour, il est venu me voir avec un de ses amis, me parler d'une revue, et il paraissait avoir encore son bon sens. Pure apparence.

 4 : Assemblée plénière du CNE : Claude Morgan est désigné secrétaire et directeur du journal Les Lettres Françaises, hebdomadaire.
  9 : publication dans Les Lettres françaises, du Manifeste des Ecrivains, véritable acte fondateur du CNE ; les membres du CNE s'engagent à n'avoir aucun rapport d'édition avec les auteurs figurant sur la liste. En clair, ils ne doivent pas publier chez un éditeur accueillant des auteurs proscrits. Dans le contexte de l'immédiat après-guerre, aucun éditeur n'étant prêt à prendre ce risque, cela équivaut donc de la mort de l'écrivain. A ce manifeste est jointe une  série de 65 noms d'écrivains signataires, et une liste liste noire de 12 noms  établie le 6 par la commission d'épuration. On parle aussi de publication dans Le Figaro. A noter qu'Aragon ne fait pas partie de la commission d'épuration, du moins à l'origine, mais il en sera par la suite le principal exécuteur, voire l'unique pour le cas d'Armand Robin.

 16 : 2e publication de la Liste Noire: elle compte désormais 95 noms.

 27 : Lettre de Paulhan à Guéhenno : Robin m'ayant écrit de nouveau pour obtenir que je le fasse injurier par "mes" journaux et revues (dit-il), je lui ai conseillé gentiment d'oublier qu'il existe. Mais il n'a pas très bien pris ça (ci-joint). Mais le document n'a pas été retrouvé.

 fin du mois : De nouveaux noms sont ajoutés à la liste. Jean Paulhan a déjà des velléités de démission du CNE; Camus démissionne avec fracas.

octobre  21 : Les Lettres Françaises : la 3e et dernière liste "définitive" est portée à 158 noms. Celui d'Armand Robin n'y figure toujours pas. Mais l'exaspération de Jean Paulhan et d'autres écrivains de renom (François Mauriac, Georges Duhamel....) va croissant au fur et à mesure que les listes s'allongent ! Au fond les listes noires étaient moins faites pour châtier les collaborateurs (avec l'Allemand) d'hier que pour éliminer les résistants (du Russe) de demain. Lettre du 7 mai 1948 à Jean Texcier, directeur de l'hebdomadaire Gavroche. Ce sera très exactement le cas d'Armand Robin, anarchiste proche des trotzkistes, d'après ses adversaires.

 31 : arrêté de révocation sans pension du ministère de l'Information : AR aurait omis de s'y présenter à la Libération ! Il proteste naturellement.

novembre  4 : Les Lettres françaises : deux nouveaux noms sont à ajouter : Paul Morand, oublié par erreur, et Armand Robin. Dans le Figaro, bref communiqué : il faut ajouter le nom d'Armand Robin à la liste noire. Aucune justification, ni dans Les Lettres Françaises ni dans le Figaro. Aucune trace de discussions  concernant son cas n'a été retrouvée dans les compte-rendus des réunions de la commission d'épuration. Son nom ne figure pas non plus dans les listes préparatoires. D'après AR, il faut exclusivement y voir la patte d'Aragon car il n'y a eu aucune décision collective le concernant. Avec l'aide de Raymond Queneau, AR tente des démarches pour faire enlever son nom, puis y renonce, trouvant finalement sa situation symbolique : une liste où il est seul est une forme de reconnaissance ! Il devient le poète indésirable...

 14 : lettre à Jean Paulhan, sans en-tête : AR s'estime satisfait : il est totalement isolé  et discrédité, mais il pense à juste titre que Jean Paulhan ne peut être solidaire de ceux qui l'ont mis sur la liste noire. Interdit de publier, il annonce ... deux publications, clandestines naturellement : une anthologie de la poésie soviétique et des poèmes d'admiration sincère pour Staline ! le mots sincère souligné de 2 traits marque évidemment la provocation !

 15 : Le journal L'humanité publie un entrefilet : Le comité national des écrivains ajoute à la liste des écrivains indésirables le nom de M. Armand Robin.

 30 : L'arrêté du mois précédent est rectifié : AR est admis à cesser ses fonctions au 1er septembre 1944. Il va donc toucher un arriéré de traitement depuis juillet-août 1943. Il écrit aussitôt pour demander sa réintégration en tant que fonctionnaire. Elle lui sera refusée.

décembre  21Le Libertaire reparaît d'abord suivant une parution irrégulière puis bimensuelle due aux restrictions de papier. Il reprend sa forme hebdomadaire à partir d'avril 1946. C'est l'âge d'or du Libertaire, où collaborent alors entre autres Georges Brassens - qui sera même un des permanents du journal -, Léo Ferré, André Breton, Armand Robin et Albert Camus. (copier-coller Wikipedia).

 30 : lettre à Jean Paulhan à en-tête barré du Comité Français de la Libération Nationale: AR s'excuse d'avoir accusé son correspondant d'avoir lancé des calomnies contre lui, lui promet réparation, désigne le vrai coupable:  Eluard. Et il joint  à sa missive une copie de celle qu'il adresse le jour même au poète.

 30 : Lettre à Paul Eluard  (ici en intégralité) : AR répond aux accusations qu'Eluard est supposé diffuser contre lui : il fait le point sur son travail d'écoutes des radios: sous l’occupation allemande, j’avais constitué à moi tout seul un véritable organisme d’informations qui allait dans une bonne dizaine d’organisations pas du tout vichyssoises, je vous prie de le croire. Il n’y a guère eu qu’une interruption de 8 mois dans ce service quand De Brinon, Sordet et d’autres décidèrent d’avoir la tête « de l’être le plus dangereux de Paris » selon leur expression. Je ne demandais pratiquement rien à ces organisations pendant l’occupation et j’ai dû vivre pendant longtemps d’une vie assez dure. Depuis la libération, chacun de ces organismes me paie et d’une façon très large, de sorte que je gagne depuis août environ 30 000 francs par mois (et quand certaines des personnes pour qui je travaillais rentreront d’Allemagne où elles ont été déportées, je serai payé mensuellement quelque 20 000 francs de plus). Le seul organisme dont je n’ai jamais rien accepté, pas même comme fournitures de papier, parce que je tenais et tiens toujours à travailler pour lui gratuitement est le Parti Communiste (pas celui des littérateurs, celui des vrais militants). Comme en plus le Ministère va lui régler un arriéré de pension, le voilà riche,  il décide de prélever un peu de cet argent pour octroyer à Eluard le prix de la vengeance d'un homme venu du peuple. Le poète pourra ainsi payer une femme de ménage, bavarder avec elle et retrouver le contact avec le peuple !
Lettre expédiée du bureau de la rue du Sentier au domicile d'Eluard, 35 rue de la Chapelle. Même l'adresse est tapée à la machine à écrire. Ainsi qu'il est indiqué, Jean Paulhan en reçoit une copie. Cette lettre et son enveloppe seront retrouvés dans l'exemplaire dédicacé de La Fausse Parole que AR adressera à Francis Ponge en 1954. 

Les informations concernant le CNE, l'épuration et la liste noire sont pour l'essentiel tirées du livre de Gisèle Sapiro, La guerre des écrivains - 1940 - 1953, éd Fayard, 1999. Mais ni Armand Robin ni le journal Le Libertaire ne figurant dans le panel  retenu pour l'étude statistique, les renseignements le concernant y sont assez fragmentaires. Voir aussi la page de l'éditeur Denoël : http://www.thyssens.com/06docu/listes_noires.php

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*** Les événements ainsi marqués, quoique authentiques, ne peuvent être datés de manière très précise. Ils figurent en tête de l'année ou du mois.
Dernière révision 10/05/2020

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