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Armand Robin: le critique

PENDANT QUE L'ENFANT DORT...

livre.gif (4396 octets) Cela finit par la tendresse. Toute la journée le monde ne fut qu'un petit garçon assez insupportable, querelleur, ricaneur, brailleur, barbouilleur, saignant, bruyant; il a fallu plusieurs fois souffler sur ses bosses, penser ses horions un par un; ce galo­pin sanglant exige qu'on prenne très au sérieux tous ses caprices, qu'on ne doute ni de son Atlantique, ni de son Pacifique, ni des milliers d'hommes dont il déchire quotidiennement la chair au nom de quelques pauvres mots à lui. « Mais non, mon petit, lui dit-on, mais non, sois calme, sois plus doux ! Ce n'est rien, va ! Je t'assure que tu pourrais être beaucoup plus gentil ! Suffirait de vouloir ! Allons ! »

Mais la nuit vint; je veux dire qu'à certains moments l'âme fait une ombre très profonde; et le voici maintenant, ce vilain bambin, bien bordé dans ses couvertures de bleu, de rose, abandonné à je ne sais quoi qui est silence, joie et foi. Trop touchants ses petits airs de dormeur ! Tout est déjà pardonné ! «Je viens de le mener rêver » dit le poète, assis à ses côtés. Et le poète écoute se soulever la poitrine du petit; «Je connais tes songes à mesure qu'ils se forment », murmure-t-il,« ils sont bien différents de tes actes. Un jour tu seras grand ». Et ce démon du calembour qui habite tout poète lui fait aussitôt changer sa phrase: « Un jour tout sera grand ! ». En attendant il retient ses pas, sa voix, son soufle même autour du grimaud qui dort, poings encore fermés. Et cependant la très douce nuit se répand autour des êtres, enlevant toute vanité, ne laissant subsister que les vraies lueurs. L'enfant, espérons-le, dormira quelques heures. Peut-être l'entendrons-nous grandir. Du moins ne parlons pas trop haut de peur d'effaroucher son rêve.

C'est de ce grand sommeil que nous profiterons. « Poésie! » chuchote quelqu'un. Et ce peut être un oiseau, un dieu, un astre, une âme issue de l'âme, un homme si dénué que jamais il n'a vraiment su ce qu'est un livre. (Nous gagerons qu'il s'agit d'un oiseau.) Brusquement se taisent tous les mots présents, tous ceux qui de loin se hâtent; le frémissement qui les liait l'un à l'autre n'est plus que le drelin à peine audible de leur respect. On songe à ce terme qui seul, dans chaque phrase de la langue chinoise, a droit à être prononcé pleinement; tandis qu'il éclate avec tous ses bruits, ses voisins sont réduits au rôle de confi­dents ,et, tout tremblants, ne peuvent vivre que de sa vibration longtemps persistante, partout royale. Les maléfices les plus mortels attendent quiconque ose parler de poésie au lieu de simplement la nommer; que dire si on écrit à l'ombre d'un tel titre? Et pourtant aujourd'hui, sitôt endormi l'enfant méchant, comment éviter de songer, au creux de l'immense espace de calme soudain triomphant, à ce que notre époque applique de partout sur nous comme son fardeau le plus constant, le plus grave à porter?

Depuis une trentaine d'années la vieille Europe porte un autre enfant, et calme celui-là, dont elle attend qu'il se prête merveilleusement à la féerie. Il ne fait aucun doute que l'histoire comptera au nombre des plus glorieuses époques poétiques ce premier tiers du vingtième siècle. Sept ou huit noms sont là que nous pouvons sans crainte égaler aux plus grands du passé. Et quelle conjuration ! que de complots de poésie partout ! Que de batailles, que d'assauts! des oeuvres, des théories aussi nombreuses que breuvages et cigarettes, comme eux distribués à profusion, comme eux sacrées et salutaires sous leur apparente et volontaire fragilité ! En des revues si minces que les hasards des vents les semblaient avoir appor­tées, d'admirables jeunes gens, conscients de ne parler que pour quelques mois, tremblaient de ne pouvoir assez donner, s'ingéniaient à s'épuiser. Les âmes où la poésie était décidément trop faible, du moins une miraculeuse « envie » de poésie les tor­turait. Pour la première fois peut-être dans l'histoire littéraire, de mauvais poèmes méritèrent de rester quelque chose de sacré, parfois à l'égal des plus beaux, car eux aussi, eux surtout, révélaient la profondeur de ce mal de beauté dont il n'est pas d'exemple qu'en une seule génération un aussi grand nombre d'hommes ait souffert. Une telle époque est justifiée au delà du nécessaire. Elle est à tout jamais « valable ». Inquiète, errante entre deux abîmes, celui qui fut ouvert en 1914, celui qui s'approfondissait chaque jour à l'autre bout du temps, elle n'eut de cesse que la beauté ne parût prise au danger, elle exigea de l'oeuvre d'art qu'elle aussi parût traquée, menacée de chute à chaque pas.

Oui, ce fut sans aucun doute l'un des moments les plus émouvants de l’histoire de la poésie que celui où surgit en Europe, et plus particulièrement en France, non pas une géné­ration de destructeurs, comme on l'a trop souvent dit, mais très exactement une génération d'hommes « détruits ». Au sor­tir d'une guerre où tout s'était révélé si merveilleusement et si terriblement fragile, ces hommes, dans la mesure précise où ils étaient grands et forts, n'acceptèrent pas que l'âme fût exemptée du désastre; ils obéissaient, ces négateurs de la mo­rale, à des scrupules plutôt dignes de saints que d'artistes en organisant systématiquement des expéditions punitives contre l'esprit et son meilleur ministre, le langage; tous les moyens furent exaltés qui pouvaient faire connaître à la hautaine conscience toutes les humiliations que venaient de subir les corps. Il semblait convenable de mener une longue guerre pour contraindre l'âme à se déclarer dérisoire, à signer un traité où le premier article établissait sa déchéance; la gueuse, pensait-on sans le savoir, on saura la contraindre elle aussi à toutes les misères; harcelée dans une tranchée de boue et de poux, que ne finira-t-elle par avouer le jour où cette tranchée même menacera de crouler sur elle !

Ces hommes savaient que la beauté qu'ils portaient en eux résisterait à leurs plus savants assauts; leur désespoir s'en aggravait et, nerveusement, ils en vinrent à prendre des mesures extrêmes pour conjurer toute menace de perfection; ils renoncèrent à l'admiration pour ne compter que sur l'amour, inventèrent mille moyens pour se tenir en ce no man's land de l'expression, où un seul pas vous conduit de la beauté sûre à la beauté blessée; ils n'écrivirent de poèmes, ne « commirent » de tableaux que volontairement incomplets; au détour de chaque phrase ils humiliaient toutes les ressources du langage et tous les pouvoirs de l'âme; ils préféraient paraître médiocres ou ridicules plutôt que de donner, en obéissant à leur talent, des arguments à cet esprit coupable de n'avoir pas souffert; quelques-uns en vinrent, pour plus de garantie contre leur génie, à se cantonner de propos délibéré dans le subtil, le précieux, le bizarre. Ariel quitta sa rosée, ses oiseaux, son arc-en-ciel, la musique des étoiles et de ses vers; il descendit le disputer à Caliban; il grimaça devant son oeuvre de la veille; et comme, en dépit de lui, il craignait de sauver encore les apparences, il créa très fort des ivresses et des amours infâmes.

Il en fut de la pensée comme de l'art et de la civilisation comme de la pensée. Le monde apparut si détruit, si précaire, qu'il n'y eut pas trop de toutes les illuminations des grandes cités nocturnes, de tout le tapage confus du « subconscient » pour rétablir quelque équilibre entre l'extérieur et nous; par amour de la fragilité, par respect pour une humanité de toute part menacée dans sa chair, les philosophes se crurent tenus de désespérer de la pensée, de fonder leur activité sur la partie la moins valable de l'homme, celle qui est au-dessous des songes et constitue notre substrat automatique le plus élémentaire; ils savaient trop bien que nos rêves valent exactement ce que valent nos veilles et que le véritable songe n'est que la forme extrême qu'atteint par moments la lucidité; il convenait donc d'offrir en holocauste tous ces mirages que nous avions mis de côté pour nos nuits.

De notre vie enfin, ces hommes se contraignirent à ne chanter que les reflets subtils qui en scintillent dans les miroirs brisés; encore derrière la glace cherchaient-ils une vie plus frêle, qui n'eût même pas son poids de buée à l'approche de notre souffle aimant; jeu de chats, prodigieusement élastique, un peu électrique, où bientôt nul ne savait plus qui jouait, qui était joué; quelques-uns en arrivèrent par trop de respect pour un réel torturé, à mutiler toute leur âme, à briser douloureusement et le miroir et le tain et les reflets et la vie.

Ce fut André Gide, porte image du siècle, qui commença. Il fut le premier en France à toujours vouloir que la beauté déçoive. Tout Gide sur le qui-vive, l'air oblique, l'âme froncée, guette le moment d'être perfide envers la perfection; partout effarouché de tenir la beauté, il n'est rien qu'à toute heure il ne tente pour repousser vers les ombres Eurydice reconquise et tout entière consentante à la fête des poèmes. L'oeuvre en état d'alerte tremble et la phrase, plutôt que de se laisser surprendre en flagrant délit de perfection, imagine mille ruses pour faire de ses réussites autant d'incertitudes. Qu'on examine, en se détachant de l'époque, l'oeuvre entière de Gide; on y découvrira qu'un seul sentiment l'anime: le dépit amoureux d'un homme contre son âme. Trop sûr que ses pensées ne peuvent être que très lucides, Gide s'alarme; que ne tentera-t-il pas pour s'assombrir de réticences? Il en veut surtout à son bonheur : trop sûr que nul nomadisme nordique ne lui permettra de distancer une fortune trop fidèle, il dépayse son vagabondage, échange nerveusement Témassine contre Blidah, Biskra contre Touggourt, armures tour à tour insuffisantes contre le  bonheur, sonorités inhabiles à désenchanter le coeur; à l'image de ses héros il cherche de désert en désert une plus lointaine désolation, un Sahara enfin parfait où le bonheur trop dru, trop normand qui lui fut assuré, puisse se dessécher en mirage et désormais, toujours proposé, le fuir toujours.

Cet autre, harmonieux au point de ne pouvoir penser que par merveilleuses rencontres de mots, blasphème son divin pouvoir: « Suis-je autre chose qu'un diligent constructeur de ponts? » nous crie-t-il. Et d'ailleurs: « pourquoi me prétendez­-vous que je ne suis pas décevant? » - Ce troisième, rival des lyriques de Judée et de l'Extrême-Orient, se veut inférieur aux plus plats des auteurs de « dévotions parfaites »; il agenouille son génie, et, plus il en est fier, plus il goûte une joie digne de Job à le traîner dans la poussière: il exige de toutes ses phrases qu'elles paraissent incertaines, tremblantes; il lui paraît convenable que le plus beau des dons humains déçoive, soit une très convaincante parade d'humilité:

Me voici
Imbécile, ignorant,
Homme nouveau devant les choses inconnues.

Et qu'on n'aille pas dire à cet autre qu'il a retrouvé les accents de Villon, de Verlaine; « Je suis simplement un pauvre d'esprit ! » coupera-t-il,
    Une belle Minerve est l'enfant de ma tête,
    Une étoile de sang me couronne à jamais.
    Et je ne mérite pas l'admiration, mais l'amour et le pardon,
    Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières
    De l'illimité et de l'avenir,
    Pitié pour nos erreurs, pitié pour nos péchés.

Au milieu de nous tous, nos deux plus grands amis à tous, Supervielle et Éluard, tendent vers la beauté des mains merveilleusement incertaines.

Le premier traverse les villes,
Est passager des coeurs,
Suit sans bruit les méandres
Où l'erreur de nos coeurs
Glisse avec des bruits tendres.
« Et voici le piège où je me prends, dit-il,
« C'est simplement ma peur
« De faire mal au monde
« En le nommant trop fort,
« De trop vous troubler tous
« En vous criant trop fort:
« Amis, prenez de moi
« Ce bol, ce lait d'aurore,
« Que j'apporte très droit;
« Cette aube sur mes doigts,
« Voyez-le, tremble encore ! »

 Le second, c'est plutôt aux fées d'une pastorale citadine d'en parler

Laissez passer l'enfant précieux et merveilleux
Par les portes de vos songes les plus clos.
Ouvrez la ville et ses lueurs d'après-minuit:
Par les portes du royaume de toutes les surprises,
Il apporte gauchement, tendrement,
La féerie des hommes.
Ne craignez pas, penchez votre âme très à gauche
Pour comprendre ses mots,
Pour comprendre le murmure des vitres
Ou grâce à lui devant vos actes s'illuminent vos songes.
Goutte à goutte, fragilement
Par lui le monde vous entend.

Et l'un des derniers venus, Patrice de La Tour du Pin, tremble également devant son trop grand pouvoir: il se débat contre la perfection pour maintenir ses droits d'elfe errant:

Un paysage, pas d' homme encore; au loin, très loin, plus frêles,
Que la dernière attitude de la brume, deux ailes,
Trop certaines d'être, belles, tentent d'être irréelles.

Ainsi, autour d'une aérienne idole, qu'elles ne veulent pas se résoudre à toucher, tremblent toutes ces mains de poètes. Oui toutes ces mains ont l'air d'avoir évité une fleur et pourtant d'avoir pris sur leur passage le meilleur de l'aube; mais elles ne sauraient plus rien saisir au monde, elles s'écartent et leur renoncement fait leur plus vraie grandeur. C'est.le moment pour l'amour d'aller bien plus loin que l'admiration. En tous ces chants, qui délibérément sont restés en deçà de leur pouvoir, murmure je ne sais quoi de plus grand que tout; de même que les âmes des morts antiques, lorsqu'elles n'avaient pas reçu leur gîte de solide terre, s'en venaient rôder pendant des siècles, plus émouvantes que les tombes les plus respectueuses, de même l'esprit du XXe siècle erre entre les lignes des oeuvres qui se sont refusées à l'exprimer. Encore quelques années, nous le sentons bien, et d'excellents esprits viendront qui se refuseront à voir dans les efforts de cette génération autre chose qu'une nouvelle préciosité: « les plus beaux exercices de poésie de la littérature française » diront les meilleurs juges de demain, et de citer Voiture en face des noms que nous aimons le plus. Ce jugement paraîtra longtemps indiscutable. Et pourtant ces mains, à qui fut accordé de saisir pleinement l'éternel, l'universel, l'humain, et qui, par un suprême scrupule, se refusèrent au geste décisif qui leur eût donné le monde et jouèrent avec quelques oripeaux brillants et quelques pauvres papiers-journal, ces mains dessinent quelque chose de plus beau que les ambitions de l'âme et que les témoignages indiscutables: elles sont soeurs de celles par qui, chez Michel-Ange, Dieu se sépare en tremblant de sa création, renonce à tenir davantage Adam sous son pouvoir. Les voies de la poésie elles aussi, sont impénétrables et ces oeuvres atteignent par un biais nouveau, à cette humanité profonde que les autres siècles nous ont appris à tenir pour nécessaire; elles semblent destinées à des êtres abstraits, luxueux, parqués dans la fumée d'un salon ou d'un café et, malgré qu'elles en aient, elles rejoignent les grands et simples efforts humains face à l'espace.

Eux et nous, nous fûmes tous victimes du méchant enfant qui dort à cette heure. Nous nous sommes tous amusés autour de lui au lieu de chanter pour des hommes déjà faits; nous avons cru convenable de prendre au sérieux son mal et nous avons tour à tour vagi, sangloté, piaffé avec lui; et surtout nous avons balbutié, nous avons fait comme ces parents égarés qui croient consoler un malade cher en acceptant de parler son langage.

Il importe que la poésie reprenne tous ses pouvoirs, qu'elle ne rougisse plus d'aller à tout: sans programme, sans système, qu'elle aille partout, se mêle à tous les hommes, prenne les chants populaires aussi bien que les rêves les plus subtils; il ne faut plus qu'elle se crée des interdits; surtout qu'elle se délivre de ce complexe de petitesse qui vient de la paralyser pendant deux ou trois générations; qu'elle prenne garde en ce moment; tout ce qui dérive du surréalisme n'est plus désormais qu'une forme mal reconnue de la réaction poétique et, s'il faut mettre les points sur les i, représente à peu près ce que représentait Delille au moment où Vigny, Hugo parurent; on ne respecte les novateurs du passé qu'en profitant de leur plus vraie leçon, qui nous enseigne à nous émanciper d'eux. A nous de nous occuper non plus du vilain garçonnet que nous avons mené dormir, mais des hommes qui ont besoin aujourd'hui qu'on reprenne la tradition des grands discours poétiques. Qui parlerait aujourd'hui comme Eschyle, Corneille ou Milton viendrait certainement à l'heure. Oui, il importe que le poète cesse de se mutiler, d'envier à la réalité ses désastres; il importe qu'il tienne son poème, tout son poème pour valable, qu'il cesse de se tendre des pièges, de « faire le bond de la bête féroce » sur tout ce qui en lui est langage direct et immédiatement clair. Qu'il ne rougisse donc plus d'écrire la Chanson du Roy Henry si le coeur lui en dit et qu'il ne se punisse pas d'avoir un instant pris pour appui, l'exemple de la Divine Comédie ou du Roi Lear. Il faut en finir avec le masochisme littéraire dont viennent de souffrir nos meilleurs aînés. C'est tout ce qu'un poète puisse dire; aller plus loin serait déjà céder à la faiblesse d'amorcer un système...

...Mais un oiseau peut continuer: « C'est moi qui tout à l'heure ai murmuré « poésie ! » dit ce quelqu'un; et l'oiseau se hâte de chanter toute sa vérité, qui bouge dans son bec comme brin de paille utile au nid:

Ne prenez plus du soleil chû en miettes,
Prenez tout le soleil, offrez tout le soleil
Que vous avez. 

Ne dites plus : « Faut faire des façons:
« Les poèmes ne sont valables que si on...
« Les poèmes ne sont valables que lorsqu'on... »

 Pouvez être sauvés à force de toute science,
Pouvez être sauvés à force de toute ignorance !
Mais serez mieux sauvés si rien en vous n'y pense.
Vous êtes tous bien bêtes à force d'intelligence.
Le chant c'est une herbe à la bouche,
Prise n'importe comment, qui bouge.

 Vous punissez pas tant !
Vous réduisez pas tant !
Faites pas surgir Freud !

 Faites surgir oiseaux,
Ouvriers, paysans,
Prenez tout leur soleil, offrez tout leur soleil.

 

OFFREZ-VOUS EN SOLEIL,
OFFREZ TOUT VOUS

C'EST TOUT.

ARMAND ROBIN
Noël 1941.

       Ce texte est paru dans La jeune poésie et ses harmoniques, sous la direction d'Albert-Marie Schmidt, éd Albin Michel, 1942. Il figure dans Ecrits Oubliés I, éditions Ubacs 1986.