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Armand Robin: témoignages

- Ricardo Paseyro -

livrevieux.gif (469 octets) Armand Robin aussi [est poète comme Schéhadé], qui célèbre Supervielle avec des tumultes muets. Par son caractère ses origines, sa vision du monde, sa manière de vivre, son écriture, Robin était aux antipodes et de Supervielle et de Schéhadé.

Anarchiste aux mains mal équarries, au verbe tonitruant, au regard et au sourire si doux qu'ils vous tuaient, poète sans seuil, sans sol, sans ciel, polémiste qui jetait son âme nue dans l'arène, il trouvait affection, calme et abri chez Supervielle.

Il faut souligner encore une fois le magnétisme personnel de « Julio » et sa profonde fraternité avec les poètes authentiques, d'où qu'ils vinssent. A soixante-dix ans comme à trente, et malgré son respect de l'ordre extérieur, son monde à lui ne comporte qu'une classe : celle des poètes.

Collaborateur à la N.R.F., édité par Gallimard et le Seuil, Robin n'était pas socialement persona grata. « Rien ne l'attendait, très peu l'acceptèrent, nul ne l'invita. » Sauf - ou presque - Supervielle. [...]

A vingt et un ans, en 1933, il s'en était allé faire les moissons dans un kolkhoze soviétique. Barbusse, Romain Rolland, Aragon péroraient entre-temps à Moscou sur le réalisme socialiste, la collectivisation et l'avenir radieux. Loin des officiels et de leur logorrhée, Robin découvrit tout de suite l'indicible horreur. [...]

La fausse parole l'ayant rendu furieux - au sens de Don Quichotte ou d'Orlando - il lancera des pamphlets incendiaires - « Le Staline », « Le plus [sic] méchant boeuf du Nivernais » - que la gauche « révolutionnaire » ou repue écartera, choquée. Rien de cela ne concernait Supervielle, tout à sa poésie et si distant de la politique. Il aimait Robin le pur, le désarmé; sa vie douloureuse, tragique - vampirisée comme la sienne par la poésie, mais infiniment plus difficile - le bouleversait. Il le traita en égal. « je suis confus de [votre] magnifique amitié. Rarement j'ai éprouvé une telle joie », lui écrivait Robin après leur première rencontre, en 1937. « J'avais besoin d'entendre votre voix ce matin », lui dit-il un jour de désespoir. Et la voix de Supervielle le tira de l'abîme.

 
   Ce témoignage de Ricardo Paseyro est paru dans son livre, Jules Supervielle, le forçat volontaire, Ed du rocher.