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Armand Robin: témoignages

- Anonyme Paris-Match -

livrevieux.gif (469 octets) - C'est vous, le commissaire ? Il y a des métiers qu'il ne faut pas faire, monsieur!"

On raccroche sec. Le commissaire de la rue Amélie est patient. Ce n'est pas la première fois que la même voix se fait entendre - et les mêmes propos. Depuis quelques jours, le commissaire a mis un nom sur la voix. Ce n'est pas difficile. Tout le quartier connaît l'hurluberlu: un petit être bizarre aux yeux d'oiseau nocturne, rasé une fois sur deux, les poches pleines de papiers, la bouche gonflée de mots étranges. Un jour, il a posé une fleur sur le bâton blanc d'un agent. Chez Marius, au rendez-vous des boulistes des Invalides, l'homme a ses habitudes: il y vient déjeuner - picorer plutôt, comme les oiseaux de la volière du patron. Il n'a jamais faim. Il dort debout. On dit qu'il travaille la nuit dans sa chambre de la rue Fabert.

Aujourd'hui, 27 mars, le commissaire en a assez. Il part à la recherche de l'oiseau nocturne. Il le trouve dans un café de la rue Saint-Dominique. Embarqué! le petit homme se retrouve à l'infirmerie spéciale du Dépôt. Il est hagard, sans forces, plus usé à quarante-neuf ans qu'un autre à soixante-dix. Mais qui ménagerait l'insulteur des commissaires? Trois jours plus tard, il expire entre les murs couleur de nuit de la conciergerie. Mystère. Sur le registre on lit: "Cirrhose du foie, hypertrophie cardiaque" (30 mars 1961).

Ainsi mourut Armand Robin poète. Il y a des métiers qu'il ne faut pas faire.

 
       Ce témoignage non signé est paru dans la revue Paris Match,  7 mai 1968