robin_index.gif (9504 octets)

chrono.gif (1744 octets) poesie.gif (2192 octets) roman.gif (1868 octets) traduction.gif (2450 octets) critique.gif (1979 octets) ecoutes.gif (2186 octets)
icono.gif (2534 octets) proses.gif (2040 octets) lettres.gif (2171 octets) theatre.gif (2064 octets) radio.gif (1706 octets) voix.gif (1867 octets)
esprit_2_120.jpg (7949 octets)
biblio.gif (1004 octets)
temoins.gif (1901 octets)
contact.gif (1838 octets)

Armand Robin :
critique à la revue Esprit : 1937-1940

- Georges Limbour Les vanilliers 02 / 1939 -

 

Georges LIMBOUR  : Les vanilliers (N.R.F.)

 

Il se publie, dans les meilleures années, quelque dix ouvrages de valeur ; dans une civilisation bien faite, il est de règle que ce soient les seuls dont presque nul contemporain ne songe à tenir compte ; et sans doute est-il fort bon de laisser aux personnages considérables, qui dans les différents quotidiens, hebdomadaires ou revues font profession de suivre pas à pas la production littéraire de leur temps, le soin de louer systématiquement ce qui n'est digne d'aucune louange et de nous avertir ainsi, avec une admirable infaillibilité, du médiocre : notre tri s'en trouve d'autant facilité.

Silence complet sur l'œeuvre de Georges Limbour : en effet, la Pie voleuse (publié dans « Mesures) et les Vanilliers sont d'une qualité et, parfois, d'une beauté, qui justifient pleinement cet insuccès. J'en parlerai pour ma part sans précaution, comme d'œeuvres qui de toute évidence sont remarquables et méritent toute confiance.

 

 

Ces poèmes légèrement romancés nous satisfont d'abord parce qu'ils portent partout la trace du scrupule ; c'est du travail bien fait et toujours insatisfait ; Limbour souffre visiblement de la nostalgie du parfait, il a besoin que le moindre détail soit soumis à ce labeur patient et allègre, qui est le signe d'une inspiration trop profonde pour parvenir rapidement à l'expression. Il est permis d'espérer que Limbour se créera bientôt un langage, ce qui est la seule raison d'être de l'écrivain ; Limbour sait que le poète n'a pas à être autre chose que poète, que sa vraie fonction sociale est de bien faire son métier et que c'est un abus de confiance qui le fait devenir orateur ou philosophe ; il est de ceux qui, parce qu'ils connaissent les limites de l'art, en sauvegardent la valeur humaine. Nous regrettons seulement que, prisonnier encore de quelques préjugés de cette époque, Limbour se défende contre la simplicité, qui est le vrai but de la poésie et qui n'est que l'autre nom de la perfection ; on le sent parfois s'efforcer après coup d'introduire dans son récit de la complexité, c'est-à-dire de la facilité.

Par ailleurs, il semble que l'œeuvre de Limbour soit d'une assez grande importance historique : ces récits sont, à notre connaissance, la meilleure mise en œeuvre des trouvailles surréalistes ; de toutes ces recherches de l'après-guerre le poète, il est vrai, n'a gardé que l'imagerie nouvelle, mais par là même il dégage ce que le surréalisme sut malgré lui nous apporter de meilleur ; les « Vanilliers » nous laissent ainsi pressentir une époque où, quoi qu'ils aient fait pour l'éviter, les surréalistes se verront rendre justice ; grâce à un livre comme celui de Limbour, nous sommes déjà tentés d'oublier qu'ils voulaient donner la philosophie aux poètes et la poésie aux philosophes.

Armand Robin Esprit, février 1939

flechaut.gif (1041 octets)