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cahiers du sud
                  avril 1939
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Armand Robin :

la poésie avant et autour de Ma Vie Sans Moi 

Offrandes

                  

Offrandes est un des premiers poèmes aboutis écrits par Armand Robin. On peut en suivre la genèse tout au long des années 1935 et 1936. Voir l'éphéméride à ces années : 1935 - 1936
OFFRANDES    version 1 -
 manuscrite avril 1935
OFFRANDES version 2 -
envoyée à Jean Ballard 13 /11 / 1936
OFFRANDES version 3 –
Editée dans Mesures avril 1937

Ne te tourmente pas,
Compagne au visage de fontaine dans la montagne,
Si tombent et passent sur ton ombre
Des bouts de voiles couleur de joie,
Des lambeaux d'aurores qui n'ont connu que des océans roses
Et des songes à têtes d'épis sans âge
Chus d'un lointain été
Si sauvage et si clair qu'y meurent les mirages.

+
Je n'ai pas dérangé les traces des nuages
Fatigués. J'ai laissé les bleus chevaux du jour
Paître la nourriture transparente des espaces.
J'ai marché dans les bois : la Reine y dort toujours,
Secrète, caressant tout au long de son âme
Des rêves pas plus hauts que l'herbe et plus futiles.
Mes pas ont-ils chassé la gloire des cigales ?
De quelle illusion trop lourde ai-je puni
La profondeur présomptueuse des midis ?


+

Aussi,
Compagne au visage de fontaine luisante de graviers,
Voici ton pauvre et cher ami
Sur toute dune reconnu,
Sous toute lune bienvenu,
Et lui qui n'a pas de logis,
Ni d'oiseau sautant dans la cage,
Il peut blottir entre tes doigts
La complaisance éparse dans l'espace.

+

Vois,
Compagne au visage de fontaine polie par les ombrages,
L'air pour toi s'assouplit en des poses complices.
Et sur les sentiers éclatants
Que je te crée tout en chantant
Au long des candides collines
Je te fais naître mille amis,
Aussi menus, aussi gentils
Que la minute brune où surgit l'églantine.
Abolis tes tourments que nie
Cette dentelure de feuille que voici.
Prends vite cette fuite de paupières,
Cette image tiède encore qui s'envole
Hors d'un nid trop étroit de mots,
Cette ombre chassée des clairières
Cette braise de feu mal éteint
Que berce le bâton de notre grand berger,
Et ce pan d'horizon picoré d'hirondelles.
Les chevaux m'ont livré ces crins
Bleus d'avoir parcouru tant d'azur,
Et les fiers églantiers
Ces bouts de bourgeons désarmés
Viens, nous allons cueillir, tant que la reine dort,
L'idéal assoupi aux plis de l'incarnat.



I
Ne te tourmente pas,
Compagne au visage de fontaine dans la montagne,
Si tombent et passent sur ton ombre
Des bouts de voile couleur de joie,
Des lambeaux d'aurore qui n'ont connu que des océans roses
Et des songes à têtes d'épis sans âge
Chus d'un lointain été
Si sauvage et si clair qu'y meurent les mirages.

II
Je n'ai pas dérangé les traces des nuages
Farouches. J'ai laissé les bleus chevaux du jour
Paître la nourriture transparente de l'espace
Et le Temps prendre gîte aux feuilles mortes du silence.
J'ai marché dans les bois : la Reine y dort toujours,
Secrète, caressant tout au long de son âme
Des rêves pas plus hauts que l'herbe et plus fragiles.
Mes pas ont-ils chassé la gloire des cigales?
Quels flots ai-je privés de l'amour des mouettes ?
De quelle illusion trop lourde ai-je puni
La profondeur présomptueuse des midis ?

III
Aussi,
Compagne au visage de fontaine polie par les ombrages
Voici ton pauvre et doux ami
Sur toute dune reconnu,
Sous toute lune bienvenu,
Et lui qui n'a pas de logis,
Ni d'oiseau sautant dans la cage,
Ni pas même une motte où poser tes pieds las,
Il peut blottir entre tes doigts
La complaisance éparse dans l'espace.

IV
Vois,
Compagne au visage de fontaine  légère au creux des prés,
J'ai dépouillé pour toi les plaines mouillées d'aube,
Recueilli du soleil aux ronces des talus,
Et capturé sans ruse au sein des herbes hautes
Ce vent, bleui d'avoir agité tout l'azur.
Sous tes pas luit dompté l'été de sable lisse,
L'air pour toi s'assouplit en des poses complices.
Plus d'une lune aux nues a murmuré très bas
Des mots qui vont descendre en clartés dans ton âme
Et sur les sentiers éclatants,
Que je te crée tout en chantant,
Au long des limpides collines
Je te fais naître mille amis,
Aussi menus, aussi gentils
Que la minute brune où surgit l'églantine.


V


Compagne au visage de fontaine luisante de graviers
Prends vite cette fuite de paupières,
Cette image tiède encore qui s'envole
Hors d'un nid trop étroit de mots,
Cette ombre exilée des clairières,
Cette ride en dérive au front d'un lac fleuri,
Cet écho lourd et long des chênes qui s'écroulent,
Cette braise de feu mal éteint
Que berce le bâton de notre doux berger
Et ce trèfle amoureux d'une brise étourdie.
Les chevaux m`ont livré
Ce crin,
L'hirondelle ce souffle esclave de son aile,
L'abeille cet envol, les rustres églantiers
Ces bouts de bourgeons désarmés
Et la rose ce calme où se balance encore
Le souvenir sans poids d'un papillon dormeur.

VI

Compagne au visage de fontaine riante d'herbes jeunes,
Viens! nous allons ravir à la Reine des bois
L'idéal assoupi aux plis de l'incarnat.
Et le mettre à tes doigts pour le rendre plus pur.
La nuit chante, constante et fine camarade,
Mais ma joie chante au loin plus ferme et plus féconde
Et le silence en toi s'accoude pour l'entendre.
Sous les astres blanchis d'avoir longtemps veillé,
J'irai, mouillant ton front des gouttes taciturnes
Que l'ombre filtre au cœur des fleurs émerveillées
Et cueillant aux buissons des lumières nocturnes
Des songes pour flatter ta chair ensommeillée.
Puis nous nous glisserons au secret des vallées:
Là, vêtus de bonheur et d'ombre nous pourrons,
Ployant sous mes présents les tables de l'espace,
Faire le compte ailé de nos possessions,
Sans être surveillés par l'horizon sagace.
Ton cœur s'attiédira d'orgueil, ô ma très claire,
Ivre d'avoir reçu l'offre de l'univers.
Alors je grandirai dans la nuit fraternelle
Je sourirai debout, droit devant tes épaules
Et je te montrerai sur les champs de l'été,
Mûrissant au plus pur des moissons immortelles,
S`assouplissant au souffle inquiet de tes paroles,
Mon amour simple et franc comme un épi de blé.
Et si tremble soudain ton visage comblé,
Je lancerai sur toi, compagne d'allégresse,
Mes yeux ensoleillés de t'avoir tant aimée
Et je t'imposerai le cri de ma tendresse :
" Ce soir est né le temps de l'amour triomphal
" L'univers de ma joie dans ton âme vaincra,
" L'univers de ma joie dans ton âme vivra. "

I

Ne te tourmente pas,

Compagne au visage de fontaine dans la montagne,

Si tombent et passent sur ton ombre

Des bouts de voile couleur de joie,

Des lambeaux d’aurore qui n'ont connu que des océans roses

Et des songes à têtes d’épis sans âge

Chus d'un lointain été

Si sauvage et si clair qu’y meurent les mirages.


II


Je n'ai pas dérangé les traces des nuages

Farouches. J “ai laissé les bleus chevaux du jour

Paître la nourriture transparente de l’espace

Et le Temps prendre gîte aux feuilles mortes du silence.

J’ai marché dans les bois : la Reine y dort toujours,

Secrète, caressant tout au long de son âme

Des rêves pas plus hauts que l’herbe et plus fragiles.

Mes pas ont-ils chassé la gloire des cigales?

De quelle illusion trop lourde ai-je puni

La profondeur présomptueuse des midis ?



III


Aussi,

Compagne au visage de fontaine polie par les ombrages

Voici ton pauvre et doux ami

Sur toute dune reconnu,

Sous toute lune bienvenu,

Et lui qui n’a pas de logis,

Ni d’oiseau sautant dans la cage,

Ni pas même une motte où poser tes pieds las,

Il peut blottir entre tes doigts

La complaisance éparse dans l’espace.



IV



Compagne au visage de fontaine luisante de graviers

Prends vite cette fuite de paupières,

Cette image tiède encore qui s’envole

Hors d’un nid trop étroit de mots,

Cette ombre exilée des clairières,

Cette ride en dérive au front d’un lac fleuri,

Cet écho lourd et long des chênes qui s’écroulent,

Cette braise de feu mal éteint

Que berce le bâton de notre doux berger

Et ce trèfle amoureux d'une brise étourdie.

Les chevaux m`ont livré

Ce crin,

L’hirondelle ce souffle esclave de son aile,

L’abeille cet envol, les rustres églantiers

Ces bouts de bourgeons désarmés

Et la rose ce calme où se balance encore

Le souvenir sans poids d’un papillon dormeur.


 

V


Vois,

Compagne au visage de fontaine épanouie en ciel

tremblant,

J’ai dépouillé pour toi les plaines mouillées d'aube,

Recueilli du soleil aux ronces des talus,

Et capturé sans ruse au sein des herbes hautes

Ce vent, bleui d’avoir agité tout l’azur.

Sous tes pas luit dompté l'été de sable lisse,

L’air pour toi s’assouplit en des poses complices.

Plus d’une lune aux nues a murmuré très bas

Des mots qui vont descendre en clartés dans ton âme

Et sur les sentiers éclatants

Que je te crée tout en chantant

Au long des limpides collines

Je te fais naître mille amis,

Aussi menus, aussi gentils

Que la minute brune où surgit l’églantine.


 

VI




Compagne au visage de fontaine riante d’herbes jeunes,

Viens! nous allons ravir à la Reine des bois

L’idéal assoupi aux plis de l’incarnat.

Et le mettre à tes doigts pour le rendre plus pur.

La nuit chante, constante et fine camarade,

Mais ma joie chante au loin plus ferme et plus féconde

Et le silence en toi s'accoude pour l’entendre.

Sous les astres blanchis d’avoir longtemps veillé,

J’irai, mouillant ton front des gouttes taciturnes

Que l’ombre filtre au cœur des fleurs émerveillées

Et cueillant aux buissons des lumières nocturnes

Des songes pour flatter ta chair ensommeillée.

Puis nous nous glisserons au secret des vallées:

Là, vêtus de bonheur et d’ombre nous pourrons,

Ployant sous mes présents les tables de l’espace,

Faire le compte ailé de nos possessions

Sans être surveillés par l’horizon tenace.

Ton cœur s’attiédira d'orgueil, ô ma très claire,

Ivre d’avoir reçu l’offre de l'univers.

Alors j'élèverai dans la nuit fraternelle

Mon bosquet de chansons droit devant tes épaules

Et je te montrerai sur les champs de l'été,

Mûrissant au plus pur des moissons immortelles,

S`assouplissant au souffle inquiet de tes paroles,

Mon amour simple et franc comme un épi de blé.



Lettre à Jean Paulhan, qui fait office de directeur

de la revue Mesures , le 15 février 1937 :

S'il en est encore temps, et si la revue Mesures

accepte cet usage, je voudrais ajouter

à Offrandes, une dédicace, la plus discrète

du monde d'ailleurs ; simplement ceci :

Offrandes

                à H.


Le poème est donc dédié à Hippolyte,

le frère préféré d'Armand Robin.

Sa demande ne fut pas exaucée.



Dans sa version définitive, le poème fait partie du recueil Ma Vie Sans Moi



 

     Poésie personnelle
          Ma Vie Sans moi